Transmettre quoi?
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Je fais partie des « boomers », dont les parents étaient souvent très croyants, mais dont la vaste majorité a déserté, plus ou moins bruyamment, l’Église et ce qu’elle représente Je suis de la petite minorité qui n’a pas quitté et qui considère toujours l’Évangile comme un précieux trésor transmis en héritage de génération en génération.
Mais comment transmettre l’héritage si les héritiers ne sont même pas conscients de l’existence d’un testament, et encore moins intéressés par son contenu? Et d’ailleurs transmettre quoi au juste? Un catéchisme? Une pratique liturgique régulière? Les sacrements? Force nous est d’admettre que ces enseignements, «signes» et pratiques ne rejoignent pas une majorité de jeunes actuellement.
La Parole? Alors là, oui, peut-être est-ce encore possible…Car la Parole, elle, subsiste au-delà des Églises et de leurs formes transitoires, au-delà des modes sociologiques, au-delà du désintérêt actuel. L’ex-compagne de mon fils a eu son premier contact avec le christianisme dans un cours universitaire de… littérature: l’écrivain juif Naim Kattan enseignait à l’aide des grands textes de l’Ancien Testament!
La Parole – et pour moi, particulièrement l’Évangile – défie le temps et, dans notre foi, demeure vivante. Il n’y a que Dieu qui peut encore parler aux humains, à sa manière, souvent déroutante. L’Esprit souffle où il veut.
De notre côté, qui nous désolons du peu de succès de notre effort de transmission, nous ne pouvons que faire de notre mieux (bien sûr) mais surtout nous en remettre à Dieu pour qu’il rende sa Parole audible et agissante. Et du côté de ceux qui se questionnent et pourraient manifester un intérêt, ils ne peuvent que désirer, souhaiter ardemment la rencontre, se mettre à l’écoute: Dieu répond toujours, à sa propre façon.
Mais une relation amoureuse, même avec Dieu, ça ne se «transmet» pas. Ça peut se désirer, mais personne ne peut la contrôler, la donner, la garantir. Ça se découvre et ça se vit, sans autre mérite que l’émerveillement.
Dominique Boisvert
Pour aller plus loin :
Dominique BOISVERT, Québec, tu négliges un trésor!, Novalis, 2015, 112 pages