Le signe de contradiction

Manifestation à Montréal (photo : Josée Richard)

« Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. » (Luc 2, 34-35)

On se souviendra d’où provient cette phrase sibylline : Syméon, alors au paroxysme de la joie après avoir reconnu le Sauveur en le nouveau-né qu’est alors Jésus, l’adresse à Marie. C’est une Bonne Nouvelle. Mais comme l’Évangile dans son ensemble, c’est une Bonne Nouvelle sans complaisance, qui ne fait pas l’économie de la souffrance.

En Église, on prend parfois prétexte de ce passage pour justifier une posture hostile envers le monde. Jésus, sur la croix, n’a-t-il pas mis à nu toute la violence et la lâcheté des puissances de ce monde? Certes, et l’histoire des martyrs nous montre bien à quel point l’Évangile dérange les pouvoirs en place. Mais n’oublions pas que les autorités religieuses de l’époque étaient aussi en cause dans la condamnation de Jésus…

Bref, la vocation prophétique, la vocation de « signe de contradiction » du chrétien est universelle. Chaque fois que la justice est bafouée, que des autorités, séculières ou ecclésiales, alimentent ou créent de nouvelles formes d’exclusion, notre amour « décapant » est appelé à s’exercer. C’est le « beau risque » chrétien : à la suite du Christ, on ne peut lutter contre l’exclusion et la violence qu’en acceptant que celles-ci puissent être retournées contre nous.

Jonathan Guilbault