Ne pas sacrifier notre souplesse spirituelle

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Aucune scène biblique n’est plus controversée que celle de la ligature d’Isaac. Pour certains, l’épisode évoque la grandeur de la foi et la bonté d’un Dieu qui apprend à l’homme l’inanité des sacrifices humains. Pour d’autres, il témoigne de l’absurdité de la foi et de la cruauté d’un Dieu qui exige l’impensable à ses fidèles.

Comme bien des gens, je n’ai pas échappé à la force paradoxale d’attraction-répulsion de cette scène. Après en avoir fait le tour plusieurs fois dans mon cœur et dans ma tête, je fus pris du désir de laisser la controverse de côté et d’y trouver un nouvel angle d’approche. Un angle qui permettrait au texte de me parler personnellement.

J’ai finalement trouvé : à côté de tout ce qu’on a fait dire de juste à cet épisode, ce dernier invite également à la souplesse spirituelle. Je m’explique : Abraham ne s’est pas trompé en préparant le sacrifice d’Isaac, car Dieu le lui avait bel et bien demandé. Pourtant, Dieu empêche le sacrifice. Bref, Abraham doit accepter, malgré l’incohérence apparente de la chose, que Dieu a voulu qu’il se prépare à un acte qu’il ne voudrait pas qu’il fasse finalement.

Dans le contexte professionnel et social actuel, en constantes mutations, on a parfois l’impression de perdre le fil de cohérence reliant nos tâches et nos implications, qui changent continuellement. Cette impression se justifie parfois, mais pas toujours, car il ne s’agit pas tant d’aller toujours dans la même direction que d’aller là où l’Esprit nous pousse, au moment présent. Car le Dieu d’Abraham est un Dieu dynamique, qui n’aime pas trop les choses figées. Le Dieu non des morts, mais des vivants (Lc 20, 38).

Jonathan Guilbault