M’entends-tu ? 1
(photo © Projection Culturel.com)
Que dit le cœur au fond du silence
Que disent les mots effacés par la pluie
Que dit la voix loin de toute arrogance
Que dit le cri à la mer infinie note 2
Lorsque j’ai visionné le premier épisode de la série M’entends-tu ?, j’avais en tête une partie du refrain de la pièce musicale qui porte le même nom : est-ce que j’existe pour toi ? La parole fait exister. Mais encore faut-il qu’elle soit écoutée pour avoir l’impression d’être vraiment vivant. Quand on m’a demandé d’écrire un court texte sur l’écoute, j’ai tout de suite fait le lien avec l’émission M’entends-tu? Dans le premier épisode, Ada (Florence Longpré) confronte Carolanne (Ève Longpré) sur son soudain mutisme. Ada et Fabiola (Mélissa Bédard) ne comprennent pas ce qui s'est réellement passé pour qu'elle cesse soudainement de parler. Pourquoi refuse-t-elle de s'exprimer ? La juxtaposition de tous ces éléments m’aura interpelé, c’est ce que j’ai tenté de mettre en mots et d’y chercher un sens.
Pour moi, l’expression « M’entends-tu ? » évoque à la fois notre humanité ainsi que nos sens : l’ouïe, le goût, le toucher, l’odorat, la vue. Par mes sens, j’entre en relation avec les autres quotidiennement, mais aussi avec moi-même, dans mes activités ainsi qu’au cœur de ma prière. Je dois être attentif à une panoplie de facteurs avec lesquels, malgré moi parfois, j’interagis et qui provoque ou non une interaction. La relecture de ma journée me permettra de surligner ce qui s’est passé au plus profond de mon être et de mon cœur.
Il y a une analogie à faire entre l’écoute et l’enseignement, entre l’élève et le maître.
Il y a bien longtemps que l’on a affirmé que l’on ne connaît bien que ce que l’on enseigne. Ne serait-ce pas que dans l’acte d’enseignement, que dans l’acte de la parole, l’émetteur acquiert sa pensée. La parole ne serait donc pas que communication / expression d’un acquis antérieur, mais bien acte de naissance à soi, d’advenue à sa propre pensée. Le langage n’exprime pas seulement une existence, il fait exister. L’homme vit de langage ! note 3
Voilà un l’objectif de la relation pastorale : exprimer et reconnaître une existence, ici et maintenant. Trouver un sens à ce qui se vit et tenter à travers des mots d’exister avec ou malgré la blessure. La vie, nous le savons, n’est pas quelque chose d’acquis. Nous sommes en perpétuelle appropriation de cette réalité avec le temps qui passe et les épreuves qui peuvent altérer son cours. En ce sens, la maladie ou la blessure transforme l’univers coutumier et la personne blessée doit réapprendre à habiter son corps, son univers intérieur mais aussi tout son univers relationnel. La parole de l’accompagné et de l’accompagnant deviendra significative dans ce processus de réappropriation. L’acte de prendre la parole permet en quelque sorte une réinterprétation ainsi qu’une réorganisation d’événements du passé auxquels on attribue un sens. Autrement dit, l’événement ne change pas mais le sens que je lui donne, lui, n’est pas figé une fois pour toutes. Le récit de ma vie est donc en constante évolution. Chaque vie engendre une histoire personnelle qui vient s’ajouter à une histoire infinie. L’écoute est donc au service de l’interlocuteur, de la Parole en laquelle il advient lui-même comme sujet.
M’entends-tu? Me vois-tu?
C’est ma vie ce que je suis
M’entends-tu? Me vois-tu?
Est-ce que j’existe pour toi ? note 1
Marc Rizzetto, s.j.
Centre de spiritualité Manrèse
Notes
1. M'entends-tu ? est une fantastique série télévisée québécoise créée par Florence LONGPRÉ diffusée par Télé-Québec.
2. SÉGUIN, Richard, de son album MICROCLIMAT, 1999.
3. BELLET, Maurice, L’Écoute, Édition Desclée de Brouwer, Paris, 1989.
4. SÉGUIN, MICROCLIMAT.
Le silence habité (Lise Parent)
Reprendre son souffle (Danielle Dugas)
Arrête-toi (René Champagne, sj)
Faire l’expérience de la nature (Sébastien Doane)
Ce corps, chemin vers l'Esprit (Constance Aubry)
Sur la sortie missionnaire (Marilyne Roy)
Cette marche qui façonne (Éric Laliberté)
Il était une foi (Gisèle Béland)
Milles mercis ! (Gisèle Béland)
Transmettre quoi? (Dominique Boisvert)
La famille, ;terre d’enracinement » et rampe de lancement… (Mgr Moreau)
Dieu contemple le monde (Nicole Lebel)
La chair de l'Esprit (Éric Laliberté)
Au choix de la mule (Jean-Marc Biron)
Ordonner sa vie (Nicole Lebel)
La liberté des enfants de Dieu (Lucille Madore)
L’Assomption (Véronique Lang)
J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. Mt 25,35 (Mgr Blanchard)
Le signe de contradiction (Jonathan Guilbault)
Une posture d’itinérance (Suzanne Desrochers)
Un antidote contre la tristesse (Pierre Charland)
Danser notre humanité en Dieu (Éric Laliberté)
Comme un arbre qui étend ses racines vers le courant (Gaétane Guillemette)
Découvrir le Cantique des cantiques (Sébastien Doane)
Ne pas sacrifier notre souplesse spirituelle (Jonathan Guilbault)
Vivre ensemble, tout un défi! (Élisabeth Garant)
Pâques à l’ère des changements climatiques (Pierre Prud'homme)
L'inattendu de Dieu (Véronique Lang)
Jusqu’où me suivras-tu? (Mgr Blanchette)
La pratique communautaire de la lecture spirituelle de la Bible : un chemin de Pentecôte (Marilyne Roy)
Le Grand matin (Christian Grondin)
Jeûner… pour se mettre en appétit! (Véronique Lang)
Pâques, fête de l'espérance vivante (Mgr Morissette)
Le troisième jour… (histoire vécue) (Gérard Laverdure)
Et puis après? (Mgr Hamelin)
Le Temps pascal, une invitation à célébrer et à vivre Pâques au quotidien ! (Suzanne Desrochers)
Porteuses et porteurs de Dieu (Chantal St-Pierre)
L’Avent, temps d’attente et d’espérance… (Lucille Madore)
Le discours du pape François à Assise (Pape François)
La mystique de l'autre»… (Mgr Moreau)
Libérer la Parole (Simon Roy)
Je n'arrive plus à prier… (Jean-Marc Biron)
Au ciel ? (Véronique Lang)
M’entends-tu ? (Marc Rizzeto)
La volonté de Dieu (Véronique Lang)
Le Magnificat de la coccinelle optimiste (Francine Vincent)
Relecture de la mort d’une amie (Charlotte Plante)
Le chant de la joie (Véronique Lang)
Spiritualité et turbulence (Francine Babin)
Conscience et discernement (Mgr Blanchet)
Rencontrer l’autre : une expérience spirituelle (Guy St-Michel)
Le travail, un boulot ou une vocation? (Marie Edith Roy)
De la place pour patiner (Mgr Hamelin)