Une histoire tissée d’expériences
Les Écritures racontent une histoire et son récit est tissé d’expériences : celles de la foi de l’ancien Israël et de l’Église primitive. Il faut parler d’expériences au pluriel parce que cette histoire implique une foule de témoins qui ont vécu à plusieurs siècles d’intervalles. Si cette histoire a encore la capacité d’animer toute la pastorale, c’est en raison de l’unité de tous les témoignages qu’elle regroupe. Malgré de multiples tonalités, les récits de la Bible nous livrent un même message : celui d’un Dieu en quête de l’humanité.
Mais comment naît la foi en ce Dieu qui s’intéresse tant à l’humanité? Saint Paul nous dit que la foi naît de l’écoute (Romains 10,17) et c’est là que la première annonce et la catéchèse sont importantes. La tâche de la catéchèse est d’ouvrir les Écritures et de présenter l’histoire de Jésus et celle des témoins qui l’ont précédé. Mais cette tâche ne se résume pas à un enseignement : la catéchèse doit aussi intégrer la notion d’expériences humaine et chrétienne.
Expérience et libération
Au commencement était l’expérience. Des hommes et des femmes, dans un coin reculé de la Galilée, ont rencontré Jésus de Nazareth et, fasciné par sa prédication et sa pratique libératrice, l’ont suivi pendant son ministère itinérant. Ils ont été séduits par cette rencontre, par les expériences accumulées auprès de lui pendant ce court ministère et surtout, par les événements entourant sa mort et sa résurrection. Leur vie en a été complètement transformée.
Comme le souligne le théologien Edward Schillebeeckx,
« c’est à partir de leurs expériences que ces disciples nous parlent. Notre foi ne se rapporte pas à des « paroles célestes », mais à quelque chose qui s’est passé sur notre terre. Certains hommes ont fait en Jésus l’expérience d’une rédemption et d’une libération, et ils ont commencé de faire partager cette expérience à d’autres. Ainsi leur expérience devient-elle – pour nous – annonce. De sorte que la tradition chrétienne ne s’inaugure pas par un enseignement mais par une histoire d’expérience […] » [1]
Le message de libération de Jésus est intimement lié la manière dont il parlait de Dieu : il l’appelait « Abba », un mot araméen qu’on traduit souvent par « papa » et qui exprime une grande proximité. Dans ses controverses avec les scribes et les pharisiens, il a dénoncé le concept d’un Dieu qui asservit les humains en rappelant à ses auditeurs que Yahvé est un Dieu libérateur qui porte une attention particulière aux pauvres et aux petits. Sa pratique de guérison et de réconciliation est, pour les premiers disciples, un prolongement de ce message. On touche ici au cœur de la prédication de Jésus dont les disciples ont fait une expérience positive contrairement à leurs chefs religieux.
Le renouvellement de l’expérience
Dans sa réflexion, le théologien belge insiste, me semble-t-il, sur un élément essentiel de la foi chrétienne : elle prend sa source dans l’expérience des premiers témoins mais doit s’arrimer sur notre propre expérience contemporaine. Un pont doit être jeté entre l’expérience des premiers disciples et celle des hommes et des femmes d’aujourd’hui.
« C’est à cette seule condition que prend naissance une tradition vivante, c’est-à-dire une nouvelle expérience vivante qui devient pour d’autres une vivante annonce. » [2]
Le christianisme n’est donc pas d’abord un message qui doit être cru mais une expérience de foi qui doit être sans cesse renouvelée. C’est à cette condition que notre expérience demeure vivante et peut devenir, pour d’autres, une interpellation à suivre Jésus Christ.
Sylvain Campeau, bibliste
Notes
[1] Edward Schillebeeckx, Expérience humaine et foi en Jésus-Christ, Paris, Cerf (Traditions chrétiennes, 23), 1981, p. 40s.
[2] E. Schillebeeckx, Expérience humaine et foi en Jésus-Christ, p. 42s.
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