Le scandale de la croix
(photo©Depositphotos)
La proclamation de la résurrection de Jésus ne vient pas masquer la manière horrible dont il est mort. Le livre du Deutéronome (21,23) n’affirme-t-il pas que d’être pendu au bois est une malédiction divine ? On l’oublie trop souvent : la mort de Jésus a été un véritable problème que les premiers disciples n’ont pas pu esquiver. Cet événement a fait scandale et continue de le faire aujourd’hui.voir notes
La croix apparaît, dans un premier temps, comme un échec de la prédication du maître galiléen. Comment proclamer que Jésus est le Messie, celui dont on attend la libération, s’il est mort comme un brigand ? C’est en relisant la torah et les prophètes que les premiers disciples vont donner un sens à cet événement. Ils ont retenu les figures du juste ou du serviteur souffrant d’Isaïe, les images de l’agneau pascal et du bouc émissaire, et finalement le concept du sacrifice expiatoire.
Pour l’apôtre Paul, la crucifixion est l’événement central par lequel le Christ se révèle. Il élabore ce qu’il appelle « un discours de la croix » (1 Corinthiens 1,18-25) qui nous invite à découvrir dans cet objet de supplice quelque chose du mystère de Dieu et du sens de notre propre existence. Dieu ne se trouve pas là où l’on s’attend à la reconnaître : il se révèle aux côtés d’un crucifié. Et il continue de se révéler dans les lieux les plus sombres et les plus fragiles de nos existences humaines. Tel est le paradoxe que nous enseigne le discours paulinien de la croix.
Cette logique paradoxale a accompagné les premiers chrétiens. À travers les luttes, les dangers et les souffrances, ils ont vécu dans l’assurance que Dieu partageait leur chemin. La croix était un scandale, elle est devenue une expérience de salut ; elle était un signe d’abandon, elle est devenue le signe d’une présence dans l’épreuve ; elle était un signe de malédiction, elle est devenue la marque de leur foi. voir notes
Le Crucifié révèle un Dieu qui bouscule les représentations que l’on se fait de lui. La croix est le lieu où il démontre avec le plus d’éclat son altérité : elle exprime une contestation radicale de plusieurs valeurs chères à notre monde : reconnaissance, puissance, réussite, performance… Dieu s’y révèle comme le « Très-bas », pour reprendre une très belle expression de l’écrivain Christian Bobin .voir notes
Sylvain Campeau, bibliste et chargé de projet
Pour aller plus loin, les notes…
Voir Jean-Louis Souletie, « Faut-il taire le scandale de la croix pour faciliter l’accès des jeunes au Christ en catéchèse ? », Lumen Vitæ 61/1 (2006) 23-32.
Antoine Nouis, « Écouter le scandale de la croix avant de chercher à l’expliquer » (Regards protestants).
Christian Bobin, Le Très-bas, Gallimard, 1992.
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