Comment c’était, la première fois…

Les amants du Cantique des cantiques de l’artiste d’origine montréalaise David Silverberg (collection privée)

J’avais douze ans quand ça s’est passé pour la première fois… C’était en première secondaire, au collège Notre-Dame. Une fille aux cheveux bouclés, assise à côté de moi, m’intéressait beaucoup. Je ne savais pas trop quoi faire pour exprimer mon désir de mieux la connaître. Puis, dans un cours de religion, le professeur a donné ce conseil aux gars : « Allez lire le Cantique des cantiques dans vos bibles, vous allez pouvoir y découvrir des poèmes amoureux qui pourront vous inspirer dans l’écriture d’une lettre à l’élue de votre cœur. »

Tomber amoureux

Le soir même, j’ai lu le Cantique des cantiques d’un bout à l’autre. C’était la première fois que je lisais la Bible par moi-même. Et j’ai aimé ça! Je me rappelle que l’érotisme évoqué par les mots m’intriguait, mais que le côté bucolique des métaphores qui comparaient la femme aimée à la nature, était bizarre pour l’urbain que j’étais. Je me suis donc mis à écrire mon propre poème...

Au bout du compte, il n’a jamais été achevé et je ne l’ai pas remis. Je pensais que j’allais tomber amoureux d'une fille, mais, ce soir-là, je suis tombé amoureux de… la lecture de la Bible!

Nourrir mon imaginaire de sang et de mystère

Cette même année, à la salle d’étude, alors que j’avais fini mes devoirs, je me cherchais quelque chose à lire. Une idée surgit en moi. Je dois absolument lire L’Apocalypse! Au fil des pages, je voyais bien qu’il me manquait des éléments pour bien comprendre le texte et tous les symboles qu’on y trouve. Pourtant, cette lecture m’interpellait grandement. Quoi de mieux que de la violence, du sang et un sujet comme la fin du monde pour activer l’imagination de l’ado que j’étais.

Lire la Bible pour se comprendre

Dans ces deux expériences, j’ai lu la Bible pour mieux me comprendre. À douze ans, je découvrais que j’étais un homme en devenir. Je commençais à m’éveiller au monde de la sexualité. Ces deux lectures m’ont permis de mieux me situer dans mon identité personnelle et de comprendre le monde dans lequel j’habitais. J’ai vu que la Bible n’était pas que des histoires d’il y a 2 000 ans.

Seul ou en groupe?

Seul, c’est bien, mais en groupe c’est mieux! Au cégèp, j’ai eu la chance de participer à un groupe de partage biblique. Pour la première fois, on me demandait ce que je pensais de l’évangile du dimanche. Je m’initiais à un nouveau rapport à la Bible. En plus de la lire, je pouvais entendre ce que d’autres en pensaient, en plus de prendre position et de la commenter moi-même. Lire la Bible en groupe et la partager ensemble ont permis tout un monde de découvertes.

Et vous, comment c’était, la première fois?

Les premières fois sont toujours marquantes : premier amour, première voiture, premier emploi… Comment c’était, la première fois que vous avez lu la Bible par vous-mêmes? N’hésitez pas à retourner à votre première expérience, elle pourrait vous fournir des pistes intéressantes pour initier d’autres personnes au plaisir de la lecture biblique.

Ma propre réflexion au sujet de la « première fois » mène à deux questions pour orienter nos façons de parler de Bible en catéchèse.

1. Savons-nous présenter les textes bibliques pour qu’ils trouvent une résonnance dans la vie, dans les préoccupations réelles de ceux et celles à qui nous nous adressons?

2. Offrons-nous des espaces pour libérer la Parole et permettre à chacun de lire, de commenter et de partager un texte biblique?
   

Sébastien Doane, bibliste
Office de catéchèse du Québec