Un messie en vélo
Luc 19,28-40 : Dimanche des Rameaux (Année C)
Oeuvre : Richard Serrin, The triumphal entry, St. Andrew's church Sanford, Florida, 1984
Jésus entre à Jérusalem et la foule l'acclame. Enfin il vient, ce Messie qu'elle attendait, ce Roi, fils de David, qui va instaurer le Royaume. Elle est prête à le suivre. Nous aussi nous avons déjà accueilli avec enthousiasme ce Jésus qui entrait dans nos vies. Enfin, nos vies seraient transformées. Hosanna ! Et pourtant, cette entrée triomphale sera suivie par la défaite et l'abandon, comme la lecture de la Passion le montre.
Encette sainte semaine, Luc nous invite à réfléchir sur quel genre de Messie est Jésus. Quelle est sa voie, que nous la suivions ? Une réponse nous est donnée dans le signe de l'ânon réalisant la prophétie de Zacharie. Le Roi qui vient n'est pas un puissant, un guerrier; il n'arrive pas sur un char d'assaut ou un char allégorique. II est humble, porteur de paix: il arrive en vélo! Un Messie singulier. Son Royaume risque d'être surprenant!
Cette réponse va se dévoiler plus totalement avec la suite des événements et la liturgie de cette semaine : le drame de la Passion. Ce drôle de Messie sera arrêté, jugé, exécuté. Et la foule ne l'acclamera plus quand elle verra en lui un roi sans empire, dépouillé et désarmé. Ce n'est pas le Messie qu'elle attendait. Confuse, elle se laissera manipuler par ses chefs qui sauront lui montrer le danger que représente ce pseudo-roi. Sur les voies rapides, à côté des camions et des autos, une bicyclette ne fait pas le poids.
Pourtant, par la suite, certains membres de la foule comprendront le sens profond de cette étrange entrée. Ils reviendront à ce Jésus quand une lumière unique les aura éclairés et que leurs yeux se seront ouverts. Mais il leur aura fallu passer de l'acclamation à la peur et à la déception avant de reconnaître en lui celui qu'ils espéraient, au-delà de leurs premières attentes. Sa voie deviendra pour eux chemin de vie, sur lequel avancer sans lourds bagages, sans moyens imposants. Un Messie qui préfère voyager à dos d'âne.
La liturgie de cette semaine nous invite à refaire les cheminements de notre foi, depuis les premiers enthousiasmes jusqu'aux déceptions et abandons pour déboucher sur des retrouvailles lumineuses au matin de Pâques. Ces tâtonnements de notre foi sont toujours à reprendre pour redécouvrir l'incroyable singularité de Jésus. Nos premiers hosannas ne sont que le début d'une route dérangeante, sur les pas d'un Messie qui renverse nos attentes d'un triomphe spectaculaire sous les applaudissements des médias.
Quand on peut rouler en sécurité, sans connaître la poussière des routes, il ne va pas de soi de suivre un Messie en vélo. II y a tellement de pressions à prendre les autoroutes plutôt que les sentiers. Pourtant, à suivre les traces de ce Messie pacifique, une vie nouvelle nous est promise, où voir des paysages pacifiants, où faire des rencontres inespérées.
Questions pour la réflexion :
Dans la vie de l'Église et de la société, je vois des signes de ce Messie en vélo?
Dans mon cheminement, je peux nommer des tournants dans ma foi en Jésus?
Durant la sainte semaine, de quelle manière pourrais-je porter plus attention à Jésus le Messie singulier, surprenant?
Daniel Cadrin, o.p.
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