Les voyages de la Parole
Actes 13, 14.43-52 : 4e dimanche de Pâques (Année C)
Oeuvre : Josée Richard, En route avec Paul, 2009
En bien des pays comme le nôtre, l’évangélisation est le premier défi. Nous cherchons des voies de communication de la Bonne Nouvelle qui touchent les gens. La première lecture nous parle d’une telle entreprise aux origines même de l’Église. Nous y voyons Paul et Barnabé en plein travail d’évangélisation dans une ville de Pisidie, Antioche. On pourrait croire qu’ils sont les héros de cette histoire, mais en fait c’est un autre personnage qui est au centre de ce récit, la Parole, mentionnée quatre fois (v.44,46,48,49). Cette Parole semble vivante : elle attire, elle est communiquée, on lui rend gloire, elle se répand. Une Parole qui circule, qui surprend, qui choque certains et en réjouit d’autres. Et cette Parole n’est pas n’importe laquelle, c’est celle du Seigneur : c’est pourquoi elle communique une Bonne Nouvelle. C’est cette Parole du Seigneur qui est ainsi au cœur de toute évangélisation.
Elle a des traits particuliers. D’abord, elle n’aime pas voyager seule, elle préfère être en compagnie. Paul et Barnabé l’annoncent. Il est rare, dans les Actes, qu’elle soit portée par une seule personne. Ce sont des équipes, des groupes, des couples, des communautés qui la font circuler d’une ville à l’autre. Cette Parole ne va pas de soi; elle n’est ni facile ni évidente, elle pose question, elle appelle à changer. Aussi il est normal qu’elle puisse être accueillie ou refusée, ou qu’elle laisse dans l’incertitude. De plus, ce premier accueil ou refus ne garantit pas la suite. La Parole revient s’offrir tout au long de nos vies, au moment de crise comme aux temps tranquilles. Paul lui-même l’a déjà refusée et combattue; il en est maintenant le porteur et se consacre à son rayonnement. Cela dit que pour annoncer cette Parole, il faut d’abord l’avoir laissée toucher et bouleverser notre vie. Cette Parole vivante aime bien traverser les frontières et ne pas être enfermée dans un monde restreint; elle préfère la diversité des visages humains et des cultures. Ici, elle rejoint des juifs, puis des païens déjà convertis au judaïsme, puis des païens tout court : des gens très différents par leur mentalité et leur mode de vie. Dans ses trajets, si elle réussit à toucher des gens, c’est parce qu’elle passe par les réseaux humains les plus variés. Ici dans les Actes, une assemblée à la fois religieuse et ethnique, le jour du sabbat; ailleurs, des lieux de travail, des maisonnées, des places publiques, des associations, des groupes d’amis. Pour qu'elle se répande, l’élan enthousiaste ne suffit pas : il faut une attention aux réseaux de relations humaines propres à un milieu, une compréhension des dynamiques animant une société.
Quel est le secret de cette Parole pour qu’elle soit si vivante et touche les gens? Elle est plus qu’une information à transmettre, même pertinente, plus qu’un sentiment personnel à exprimer, même profond, plus qu’une belle idée à saisir, même éclairante. Cette Parole, elle est Quelqu’un, le Verbe de vie, qui a fait sa demeure parmi nous et qui continue d’y voyager. Il n’a d’autre moyen de se déplacer et de rencontrer les gens que le mouvement de ceux et celles qu’habite son Esprit, i.e. nous-mêmes.
Questions pour la réflexion :
Quand nous regardons nos propres parcours, comment cette Parole est-elle venue jusqu’à nous, pour nous toucher et nous mettre en route?
Et vers qui sommes-nous envoyés pour que cette Parole circule dans des réseaux humains et suscite encore questions et joie?
Daniel Cadrin, o.p.
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