Nos ancêtres dans la foi
Hébreux 11, 1-2.8-19 : 19e Dimanche du temps ordinaire (Année C)
Oeuvre de Marc Chagall, Abraham et Sarah, La Bible, Paris, Verve, 1956
La Lettre aux Hébreux est un écrit complexe dont l’auteur, la date et le genre ne sont pas évidents. Au chapitre 11, elle présente une galerie de témoins de la foi, des personnages de la Première Alliance, depuis Abel jusqu'aux prophètes, qui sont nos ancêtres dans la foi. En ce dimanche, elle nous parle de la foi d’Abraham et de Sara d’une manière inspirante. Cette foi est confiance profonde en Dieu et capacité de voir ce qui ne se voit pas.
Abraham répondit à l'appel de Dieu par la foi, par la confiance. Il quitta son pays, sa sécurité, et partit pour un pays inconnu, à recevoir en héritage. Il partit sans savoir où il allait (v.8), remettant sa vie à un Autre. S'il pouvait partir dans la confiance, prendre ce risque, c’est qu’il était habité par une attente, liée à l’ouverture du cœur. Sa réalité intérieure était plus large que ce qui était présent autour de lui. Il attendait une réalité qui est mystère et don de Dieu. Il attendait cette ville que Dieu lui-même va construire (v. 10).
Sara aussi répondit par la foi, par la confiance. Malgré son âge avancé, elle fut rendue capable de donner la vie. Elle témoigne de ce que la fécondité est encore possible à tout âge. Pourquoi Sara pouvait-elle faire confiance ? Parce qu’elle tint pour fidèle l'auteur de la promesse (v. 11) : voilà une profonde confiance dans le Dieu vivant, celui qui fait promesse.
Ni Abraham ni Sara ne verront la réalisation des promesses, mais ils les ont vues et saluées de loin (v.13). De façon obscure, anonyme, ils ont posé les fondements de ce qui deviendra une tradition religieuse inspirant des juifs, des chrétiens, des musulmans. Ils deviendront père et mère d’une multitude de croyants, dont nous faisons partie aujourd'hui, nous qui sommes les filles et les fils d'Abraham et de Sara.
Abraham et Sara ont su voir plus loin que le visible devant eux, plus grand que leur cœur. Ils nous invitent à un regard qui considère que le réel, ce n'est pas seulement ce qui est immédiatement devant nous, ou ce que nous annoncent les médias et les gestionnaires de la décroissance. La réalité est plus vaste que ce petit monde. La confiance est cette attitude qui nous fait voir plus loin et qui nous fait miser notre vie, même s'il n'y a pas d'évidence, sur un Autre, créateur et miséricordieux.
Cette foi confiante permet de dépasser les lourdeurs du quotidien, où parfois nous sommes enfermés, et de pouvoir recommencer, par-delà les échecs, les demi-réussites, les blocages. Cette confiance tenace, qui fait tenir, nous fait voir la vie comme un don qui déborde les limites de notre espace intérieur et extérieur, qui dépasse les frontières que nous assignons à la réalité pour essayer de contrôler nos vies. Cela demande un abandon de soi, un décentrement, qui est passage pascal.
Aujourd’hui, dans nos familles et communautés, des aînés nous donnent le témoignage d’une telle foi. Pour avancer sur les chemins actuels de l’aventure croyante, sans savoir où nous allons, nous avons besoin d’écouter et d’admirer nos ancêtres dans la foi.
Questions pour la réflexion :
Dans mon itinéraire, quelles figures anciennes, plus proches ou plus lointaines, ont été marquantes ? Quel héritage m'ont-elles transmis ?
Qu'est-ce qui m'aide à grandir en confiance et à voir ce qui ne se voit pas ?
Daniel Cadrin, o.p.
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