Luc 7, 36 - 8, 3 : 11e Dimanche du temps ordinaire (Année C)
Jésus va manger chez un pharisien qui l’a invité. Cela permet de réajuster notre image des relations de Jésus avec les pharisiens. Luc en fait un portrait plus nuancé que Matthieu: certains étaient bien disposés envers Jésus. Voici que le repas est troublé par l’arrivée d’une femme qui pose envers Jésus les gestes de l’hospitalité, avec ferveur. Jésus se laisse accueillir. Le pharisien en est choqué car cette femme est connue publiquement comme pécheresse. Comment un homme religieux peut-il se laisser toucher par une impure ?
Oeuvre de Marie-Alain Couturier, o.p., c. 1937, réfectoire de Santa Sabina, Rome
Quel est le péché de cette femme, qui n’a pas de nom? Ce n’est pas indiqué. Jésus voit cette femme autrement que son hôte. Il ne dit pas d’abord à celui-ci que son regard n’est pas juste. Par une parabole, il l’invite à sortir de son cadre habituel de pensée, à regarder cette femme d’une manière plus profonde. La parabole sur la remise des dettes parle du pardon gracieux de Dieu et de ses fruits. La question de Jésus pose l’enjeu : qui aime le plus ? La réponse du pharisien indique qu’il a bien saisi. Jésus fait ensuite les liens entre l’événement, les gestes de la femme, et la petite parabole, bien frappée. Le pardon transforme les personnes, il les rend capables d’aimer davantage.
Cette femme montre beaucoup d’amour envers Jésus. C’est qu’elle a reçu un grand pardon. Ses gestes témoignent de cette transformation qu’elle a vécue par le pardon. On interprète parfois ce récit dans le sens contraire : si elle est pardonnée, c’est parce que, auparavant, elle a beaucoup aimé. Mais ce n’est pas ce que dit la parabole, ni le commentaire de Jésus. Son hospitalité fervente est le fruit du pardon et non sa cause.
Cette femme a confiance en Jésus, elle ose s’en approcher pour exprimer sa reconnaissance. Comme bien d’autres femmes dans les Évangiles, ce que Luc souligne. Après la maison, nous reprenons la route de la mission avec Jésus et ses disciples, pour proclamer le Règne de Dieu. Un groupe de femmes accompagnent Jésus. Il était très rare à l’époque qu’un Maître soit ainsi entouré. Jésus n’est pas prisonnier des conformismes de son milieu. Plusieurs de ces femmes, fidèlement, se retrouveront au pied de la croix et au tombeau. Elles accompagneront Jésus jusqu’au bout. Elles étaient probablement connues des lecteurs de Luc. La fameuse Marie de Magdala est mentionnée : rien ne dit qu’elle est la femme présente au repas. On voit aussi que Jésus ne vit pas de l’air du temps : il est financièrement soutenu par ce groupe. L’une d’elles, Jeanne, vient de la haute société.
Jésus se fait présent à un pharisien et à une pécheresse et les invite à une vie nouvelle, chacun à sa manière. Homme des rencontres, il fait rayonner la miséricorde de Dieu par delà les frontières. Son cercle n’est pas fermé mais ouvert largement. Il est la visite de Dieu parmi son peuple, une visite qui réjouit et relance dans l’espérance : Va en paix. Un signe de cette visite est clair : le goût d’accueillir et d’aimer davantage.
Questions pour la réflexion :
Où suis-je dans ce récit? Quel appel me fait-il entendre?
En quoi un pardon reçu m'a-t-il rendu-e capable d'aimer davantage et de l'exprimer?
Ces réseaux de femmes engagées prennent quels visages aujourd'hui?
Daniel Cadrin, o.p.
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