Rester éveillés, se tenir debout et prier
Luc 21, 25-28.34-36 : 1er dimanche de l'Avent (Année C)
Oeuvre : Bernadette Lopez, 2010, www.evangile-et-peinture.org
En ce dimanche, nous entrons dans une nouvelle année liturgique, où l’Évangile selon Luc sera notre guide. Nous entrons dans un temps d’attente, celui de l’Avent. Et nous y entrons de façon vigoureuse avec ces images et appels de Jésus, qui expriment ce que l’attente porte de peurs et d’espoirs, et aussi de risques et de tentations.
Être en attente appelle à se situer dans un temps qui n’est pas court, mais plus long. Temps du long désir, qui reste ouvert sur ce qui va advenir, temps à espérer. Mais ce n’est pas facile; c’est même contraire à notre manière spontanée de vivre le temps dans notre culture. Tout est centré sur le présent, sans passé où s’inscrire, sans avenir à préparer. Les paroles de Jésus évoquent le climat de crainte et de confusion propre au temps de crise : des événements qui ébranlent le ciel, la terre, la mer, tout le cosmos. Ces images sont bien actuelles : un climat où les saisons sont mêlées, une société qui connaît des transformations profondes, un monde marqué par des guerres et la terreur. Où allons-nous? Ces bouleversements annoncent-ils des catastrophes irrémédiables? Et ont-ils un sens? Sans compter les médias qui nous montrent tout ce qui va mal et accentuent notre sentiment de peur et d’impuissance.
Devant ces confusions, en ces temps de transitions qui durent, nous sommes tentés par la fuite : nous enfermer dans notre petit monde, dans les soucis et les plaisirs immédiats pour ne pas avoir à nous questionner et à faire des choix; ou céder simplement à l’affolement, courant d’un maître à l’autre pour trouver des calmants, nous complaisant dans les catastrophes, cherchant ce qui peut les confirmer. En pratique, dans les deux cas, cela produit une résignation devant les forces à l’œuvre qui nous dépassent et auxquelles nous nous en remettons comme devant des fatalités sur lesquelles nous sommes sans prise.
Nous ne sommes pas les premiers à vivre de telles situations et à être tentés de plonger dans la spirale des craintes et du repli. Les chrétiens des premières communautés ont passé par là. Dans les moments de crise, de bouleversements, oui, la peur est là, et le goût de s’enfermer dans l’immédiat. Mais Jésus invite à trois attitudes pour résister à ces tentations. Il appelle à demeurer conscients, éveillés, à garder une distance critique devant tout ce qui est dit et proposé par la culture dominante. Rester en état de veille, c’est garder un horizon de sens plus large qui rend capable d’espérance, par-delà la crainte et l’enfermement dans la petite vie des plaisirs et des soucis. Il invite non pas à baisser la tête dans la résignation, mais à la relever; et non à s’écraser, mais à se tenir debout, dans la dignité, car nous sommes des êtres humains dignes et responsables. Il appelle aussi à prier : cette prière est présente dans l’Évangile selon Luc à tous les moments importants de la vie de Jésus. Elle permet de rester lié aux autres, au Père et à l’univers, dans une alliance de vie; elle garde le cœur en attente et l’empêche de se replier sur lui-même.
En ce début d’Avent, Luc nous propose une spiritualité de l’espérance et de la résistance. Elle est exigeante, car elle va à contre-courant d’une culture de la mort et du spectacle. Mais elle fait habiter et rayonner en nous une espérance, un goût de l’avenir, qui est un anti-destin et qui affirme la grandeur de notre condition et de notre vocation humaine.
Questions pour la réflexion :
En ce temps de confusion, quelles craintes m’habitent? Et quels espoirs?
Comment développer mon attente espérante? Par quelles attitudes?
Daniel Cadrin, o.p.
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