Un point de départ
Luc 24, 46-53 : Ascension du Seigneur (Année C)
Les scènes de départ sont souvent touchantes. Séparation au quai du terminus, au seuil de la porte, regards qui s’échangent ou s’évitent, dernier contact. Et ceux qui restent s’en retournent le coeur triste. Luc nous présente ici un départ bien différent. Après une étrange séparation, les gens s’en retournent joyeux, le coeur en louange.
Oeuvre de Luca della Robbia, 1446, Duomo (porte de l'ancienne sacristie), Florence
Dans son Évangile, Luc met l’ascension juste après la résurrection et les manifestations du ressuscité pour faire ressortir l’unité du mystère de la présence du Christ. Le premier jour de la semaine, Jésus le Christ quitte ses disciples. Il ne sera plus là comme avant. Il s’en va non comme une fusée qui décolle vers le ciel, ou dans une sorte d’ascenseur céleste, mais plutôt il entre tout à fait dans le partage de la vie divine, emporté au ciel. Il ne s’en va pas au loin, mais il entre au plus près de Dieu. Il ne se déplace pas dans un autre lieu, il change de mode de présence. Il sera présent autrement, par son Esprit qui sera envoyé.
Jésus s’en va sans bagages car il les laisse à ses disciples. Il leur laisse une parole qui contient tout ce qu’il faut pour continuer sur leur route ou plutôt pour commencer quelque chose. C’est ici une scène de départ mais au sens d'un commencement, qui connaît son point de départ. Les paroles de Jésus en donnent les éléments essentiels: les Écritures et le mystère pascal, une mission universelle centrée sur la conversion et le pardon, une responsabilité de témoigner, une promesse de soutien, et des consignes pour l’immédiat. C’est la un bon départ et il y a de quoi s’occuper pendant quelques millénaires.
La scène de séparation se fait dans un dernier geste très beau: levant les mains, Jésus les bénit. Gloire du Dieu vivant, il porte les siens avec lui, les tenant dans son geste de bénédiction. Et l’Évangile s’achève avec les disciples bénissant Dieu, accueillant dans la foi le don de cette nouvelle présence et répondant au geste de Jésus. Cette rencontre unique les renvoie dans leurs propres lieux, raffermis et réjouis.
Nous ressentons parfois douloureusement la séparation. Comme si le Jésus le Messie était parti pour de bon dans son ciel lointain, nous abandonnant à nos petites misères et nos mornes méfiances. Nous regardons vers le ciel cherchant des signes d’une présence au loin, alors que celle-ci est au plus près de nos vies et nous accompagne sur la route. Les bagages sont toujours là et attendent que nous les prenions, les ouvrions et nous en revêtions. Luc nous invite à recevoir une mission qui nous dépasse mais nous soulève. La bénédiction-séparation instaure une relation nouvelle, qui nous unit à la fois au Dieu vivant et à tous les vivants, dans la communauté des disciples. La joie, qui accompagne le retour chez soi, est celle d’une rencontre qui se termine non par une rupture du lien mais par une transformation de celui-ci. Un point de départ qui nous emporte sur terre.
Questions pour la réflexion :
J'ai déjà vécu une séparation qui fut encourageante et joyeuse, comme un point de départ?
Dans les bagages laissés par Jésus, qu'est-ce qui retient mon attention?
Quelle bénédiction pourrais-je prononcer, avec d'autres, pour exprimer notre joie?
Daniel Cadrin, o.p.
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