L’ami qui envoie pour porter du fruit
Jean 15, 9-17 : 6e dimanche de Pâques (Année B)
L’Évangile selon Jean cherche à nous faire entrer dans le mystère de Jésus, de sa relation à son Père, de notre relation à lui ainsi que de celle que nous avons les uns envers les autres. Deux aspects ressortent du passage de ce dimanche : l’amitié et la mission.
Jésus, lui qui est le Maître et le Seigneur, voit sa relation à ses disciples comme une amitié. Elle inclut un partage de connaissance, une proximité, une confiance et une fidélité. Nous connaissons des expériences d’amitié : nous en savons le bonheur et les conditions, les parcours et les attitudes. Cela peut nous aider ainsi à entrer plus vivement en relation avec Jésus le Vivant.
Oeuvre : James Tissot, c. 1886-1894, Brooklyn Museum
Cette amitié prend sa source dans une réalité profonde, le lien d'amour bienveillant entre Jésus et le Père. Ce lien suscite la même relation entre Jésus et ses disciples, et, finalement, entre les disciples eux-mêmes. C’est comme une spirale qui s’élargit, mais qui a un centre. Et c’est cet amour en circulation qui donne solidité et joie à l’existence : la symbolique de la demeure revient plusieurs fois.
L’amour venant de Dieu a priorité. Il est un don, une grâce à recevoir et à communiquer, et non d’abord le fruit d’un effort conquérant où nous serions le centre actif. L’amour est créateur, car il est reçu; il nous constitue et nous permet de créer à notre tour.
Ce Jésus ami ne se contente pas d’être proche : il nous met en mouvement. Il choisit et il établit ses disciples, il les institue, ce qui comprend une dimension plus organisée et consistante comme communauté. Et il les envoie en mission : « pour que vous partiez ». Cette communauté est appelée à des déplacements. Cette mission ne se réduit pas des rôles à accomplir, à des choses à faire : il s’agit plutôt pour eux de porter du fruit, d’être féconds, générateurs de vie. Cela s’inscrit dans un appel, une vocation, et non seulement dans une fonction. Ces fruits prennent parfois du temps à venir; il n’est pas garanti que nous les voyions. Il s’agit de transmettre une vie à plus long terme : un fruit qui demeure.
Cette mission inclut une intercession, une prière au Père, au nom du Christ, car elle n’est pas que tâche et ne dépend pas seulement de nous. Elle inclut la demande au Père, dans la confiance. Et nous ne sommes pas seuls à porter cette mission, puisqu’elle nous inscrit dans une communauté de disciples, où l’amour mutuel est central. Il est déjà le fruit même de l’envoi.
Pour que ce fruit vienne, pour que la prière soit faite, et pour que nous partions, nous sommes invités à nous situer devant Jésus comme un ami, en vérité. Il nous donnera cette joie qui comble et qui permet de tenir, de demeurer.
Questions pour la réflexion :
En quoi mes expériences d'amitié m'aident-elles à entrer en relation avec Jésus le Vivant?
En quoi la relation de Jésus à son Père éclaire-t-elle son appel à l'amour mutuel?
Donner du fruit qui demeure : qu'est-ce que cela change à ma vision de la mission?
Daniel Cadrin, o.p.
Échos de la Parole
Année B (année en cours)
ARCHIVES
Échos de la Parole (2023‑…)
Année A • Visuels et extraits
Échos de la Parole (2019‑2022)
Année A • Année B • Année C
Visuels et extraits
Année A • Année B • Année C
Échos de la Parole (2016‑2019)
Année A • Année B • Année C
Visuels et extraits
Année B • Année C
Échos de la Parole (2013-2016)
Daniel Cadrin
Année A • Année B • Année C