Entre le permis et le projet
Marc 10, 2-16 : 27e dimanche du temps ordinaire (Année B)
Oeuvre : Cerezo Barredo, c.m.f., 1999, Amérique latine
Il est question aujourd’hui du couple et des enfants. Mais il ne s’agit pas de la famille! Les deux sujets sont différents. Dans chaque cas, Jésus est en désaccord avec des gens : d’abord, avec les pharisiens, puis avec ses disciples.
La controverse avec les pharisiens porte sur le mariage. Ceux-ci ne sont toutefois pas sincèrement engagés dans un débat qui viserait à voir plus clair. Ils veulent piéger Jésus, le mettre en contradiction avec les Écritures ou avec lui-même. Leur question porte sur ce qui est permis et défendu. Leur univers de réflexion est ici strictement légal. Comment Jésus leur répond-il? Comme il le fait souvent, d’abord par une question. Il les renvoie à eux-mêmes. Puis, il n’entre pas dans leur logique, il déplace l’horizon de la réflexion. Il remonte aux sources, aux origines, en citant la Genèse. Nous ne sommes plus ici dans un monde de règles et de casuistique. Il s’agit des fondements : la création de l’homme et de la femme, faits pour s’unir. Pour Jésus, cette perspective est plus importance que les règles, et elle situe le débat dans une vision plus large.
Il est à noter que la répudiation, au temps de Jésus, était utilisée par les hommes pour toutes sortes de motifs, souvent futiles. Les femmes étaient ainsi sans protection devant l’arbitraire de leur mari. De plus, elles devenaient dépendantes de la famille de celui-ci. Ici, Jésus promeut une égalité entre les deux partenaires et une rupture avec la famille. Le couple forme une nouvelle unité, qui se tient par elle-même, et dont le projet est une union profonde. Nous passons du permis au projet.
On peut aussi voir que Marc adapte l’enseignement de Jésus à ses lecteurs chrétiens d’origine païenne (non-juifs) et de culture romaine. Dans les remarques aux disciples à la maison, il est question de femmes qui renvoient leur mari, ce qui n’existait pas dans le monde juif, mais était possible dans le droit romain. De même, au sujet de la question de la répudiation, Matthieu, qui écrit à des chrétiens d’origine juive, intègre une exception, celle des unions illégitimes (Mt 19, 9); et Paul (1 Co 7, 10-16), écrivant aux convertis de Corinthe, ouvre la possibilité de séparation pour les couples formés d’une personne croyante et d’une non-croyante.
Quant aux remarques de Jésus sur les enfants, présentés comme modèles pour entrer dans le Royaume, il nous faut faire attention à ne pas lire ces paroles dans une ligne trop moderne. Depuis quelques siècles, les enfants évoquent d’abord l’innocence, la naïveté, la pureté. Cela était présent au temps de Jésus, mais autrement. L’enfant était d’abord vu comme à la charge de sa famille et sans pouvoir. Ici, ce qui est loué, c’est sa capacité d’ouverture, de réception. Qui sait mieux recevoir un don, un cadeau, qu’un enfant! Or, le royaume de Dieu est d’abord un don à accueillir, demandant une ouverture du cœur et une disponibilité.
Questions pour la réflexion :
Au moment du synode sur la famille, qui commence le 4 octobre, quelles réflexions m'inspirent les perspectives de Jésus sur le mariage?
En quoi pourrais-je ressembler à un enfant dans mon accueil du Royaume?
Daniel Cadrin, o.p.
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Année B (année en cours)
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