Espérer encore

Jean 6, 24-35 : 18^e dimanche du temps ordinaire (Année B)

En ce dimanche, comme le précédent et ceux qui suivront, nous poursuivons la réflexion sur Jésus, pain de Vie, avec le sixième chapitre de Jean. Nous pouvons lire le dialogue d’aujourd’hui comme une quête spirituelle, avec ses étapes, ses blocages et ses appels à aller plus loin.

Oeuvre : Salvador Dali, Le sacrement de la dernière cène, 1955, National Gallery of Art, Washington

Jean nous montre une foule en recherche de Jésus. Les gens se déplacent pour le trouver et lui parler, et Jésus est lui-même en mouvement. Autour de Jésus absent, puis rencontré, commence le cheminement. Les gens ont plusieurs questions à lui poser, portant d’abord sur le quand, puis sur le faire. Des questions concrètes qui attendent des réponses claires et pratiques. Pourtant, Jésus y répond de façon déconcertante. Il opère des déplacements dans les motifs et les enjeux de cette quête. Tout d’abord, il remet en question leur lecture du signe accompli (les pains multipliés). Ils le lisent en fonction des intérêts immédiats qu’ils peuvent en retirer alors que Jésus les invite à porter un regard plus religieux, à chercher cette nourriture, don venant de Dieu et source de vie éternelle. Cette recherche est un travail; elle demande un engagement personnel, et non, seulement, la consommation de biens, même spirituels.

Les gens entrent dans ce déplacement et l’interrogent sur ce travail, cette œuvre à faire. Jésus opère alors un second déplacement, plus radical celui-là. L’enjeu premier est de croire. Il ne s’agit pas de la foi au sens général, un mot que Jean n’emploie jamais, mais de croire, un verbe actif demandant un sujet personnel pour que le verbe tienne et soit vivant. Il s’agit de croire en celui que Dieu a envoyé. Ce n’est pas un travail extérieur à soi, mais un acte éminemment personnel, où je suis inclus dans la réponse : je crois, nous croyons…

Les gens reviennent alors au besoin de signes évidents : voir et, ensuite, croire. Leurs questions, cette fois-ci, renvoient aux Écritures. Elles se donnent un fondement solide dans l’expérience religieuse de l’Exode : Dieu a donné la manne au désert, quelle manne nous donneras-tu? En partant de ces éléments, Jésus invite à nouveau à aller plus loin. Il ramène à l’essentiel : la source de tout don est le Dieu vivant, depuis la pâque avec Moïse jusqu'à celle avec Jésus. Et le pain donné, finalement, n’est pas un objet à recevoir, à acquérir ou un vague symbole : c’est Quelqu’un, Jésus lui-même, le pain de vie. La quête débouche sur l’accueil d’une personne, de façon plus profonde. Et Jésus termine en invitant à venir à lui et à croire en lui.

De la recherche plus immédiate d’un faiseur de miracles ou encore de bénéfices à obtenir en se tenant autour de lui, la quête s’est déplacée : elle s'est centrée sur le signe comme tel. Ultimement, les gens sont acculés à se situer par rapport à la personne de Jésus. C’est d’ailleurs ce que fait chaque Évangile, pour ses lecteurs, nous inclus.

Questions pour la réflexion :

Dans ma quête de Jésus, quels questions et déplacements ont été marquants?

Qu'est-ce qui a été source de blocages? Qu'est-ce qui m'a fait aller plus loin?

Actuellement, une avancée se dessine?

Daniel Cadrin, o.p.