Comme une lumière dans la nuit

Jean 3, 14-21 : 4^e dimanche du carême (Année B)

En ce quatrième dimanche du Carême, nous avons la finale de l’entretien de Jésus avec Nicodème dans l’Évangile selon Jean. Ce notable est venu, de nuit, rencontrer Jésus. Dans leur échange, il a d’abord été question de la naissance nouvelle, celle de l’Esprit. Puis, Jean parle de l’élévation du Fils de l’Homme, c’est-à-dire de la mort de Jésus en croix. En Jean, la croix et la gloire sont liées; par cette élévation, le Salut est donné au monde.

Oeuvre : Henry Ossawa Tanner, 1927, Collection privée, États-Unis

Cette réflexion sur le Salut et la lumière nous parle d'un Dieu dont le visage est bouleversant pour nos catégories spontanées et celles de tant de gens. Pour Jean, la mort-résurrection de Jésus, son élévation, est une révélation sans précédent du cœur même de Dieu. En Jésus, Dieu nous devient accessible et se montre dans sa vérité : et celle-ci est vie, lumière, amour. Son projet sur le monde est avant tout un projet de Salut pour tous. Dieu ne peut que se donner lui-même et nous offrir amour, don, pardon. Il n'y a en lui ni mort, ni ténèbres, ni mensonge. Et, comme l'amour ne peut contraindre personne, il sera accueilli ou refusé dans la liberté d'êtres humains consistants et responsables.

Nous sommes loin ici d'une religion extérieure et autoritaire, jouant sur la peur et les codes, avec un Dieu implacable dans son jugement. Nous sommes loin aussi d'une religion facile et utilitaire, sans exigences de vérité et d'engagement, avec un Dieu indifférent ou insignifiant. Il s'agit plutôt d'un appel à croire en un Dieu aimant, bienveillant, tel que Jésus le révèle. Un appel à prendre position pour la lumière, la vérité, la vie, et à centrer son existence sur l'amour donné, reçu, partagé.

Cet évangile nous questionne sur les visages de Dieu, que nous annonçons dans nos célébrations, nos témoignages, nos engagements de toutes sortes. Il nous demande : quel Dieu se donne d'abord à voir et à découvrir dans nos styles de rassemblement, dans nos prises de position, dans notre regard sur les gens en situation difficile? Il nous interroge aussi de façon personnelle sur l'image de Dieu, qui est première dans notre propre foi.

Cette parole de vie nous invite à devenir signes, à notre tour, de ce Salut toujours offert, et à interpeller les gens en regard de leurs options fondamentales. Nous pouvons le faire avec confiance et conviction, car il vaut vraiment la peine de donner son temps, son cœur, sa vie, pour témoigner d'un tel visage de Dieu. C'est une révélation profondément libératrice, qui ne vient pas écraser ou détruire, mais relever et re-créer. Pourrait-il y avoir meilleure Bonne Nouvelle à annoncer, comme une lumière qui rayonne?

Questions pour la réflexion :

Quel visage de Dieu annonçons-nous dans nos diverses activités?

Quel visage de Dieu se laisse voir dans mes paroles, mes gestes, mon regard?

De quelle lumière pourrais-je témoigner et dans quelle nuit?

Daniel Cadrin, o.p.