Au désert des commencements

Marc 1, 1-8 : 2^e dimanche de l'Avent (Année B)

Une Bonne Nouvelle commence. C’est là un événement rare et important. Quelque chose de bon et de nouveau va se passer. Ou plutôt quelqu’un va venir, qui est bon, qui est nouveau. Car cette Bonne Nouvelle porte un nom précis, celui d’une personne, Jésus. Et ce nom est qualifié par des titres impressionnants : Christ, Fils de Dieu. Ce qui vient après ce début de la Bonne Nouvelle selon Marc, c’est une citation des Écritures provenant de la grande tradition prophétique d’Isaïe. Cela nous dit déjà que cette Nouvelle a des racines profondes, qu’elle vient toucher des attentes, répondre à des espérances. Mais après la citation, Marc ne présente pas l’Attendu, mais une autre figure prophétique, celle de Jean le Baptiste, qui a du travail à faire. Pour que cette Bonne Nouvelle soit reçue, une préparation est nécessaire, un travail sur les cœurs, qui met en jeu la conversion et le pardon.

Oeuvre : James Tissot, c. 1886-1894, Brooklyn Museum

Ce Jean Baptiste est un proclamateur, un homme de Parole, à la voix forte et claire. Il ne parle pas de lui-même, il est décentré. Il vient annoncer la venue d’un Autre. Le baptême ne sera plus seulement d’eau mais d’Esprit. Le Nouveau qui va bientôt arriver est porteur d’un Souffle. Il vient transformer, renouveler, donner élan et espérance. En quel lieu ce commencement advient-il? Sur une montagne sainte ou au temple de Jérusalem? Dans une grande maison ou sur la place publique? Non, cela se passe au désert. Tout commence au désert, lieu biblique des naissances et des renaissances, lieu des passages et des exodes, haut lieu des transformations profondes et des combats intimes. L’Esprit souffle au désert. Les paysages sont transformés et une route apparaît, là où aucun repère n’était perceptible. Le désert n’est pas vide. Une voix y crie, des gens de la ville y viennent. Ils cherchent quelque chose, ou quelqu’un. Ils ont des attentes, ils portent des espérances. Ils sont conscients de leurs misères et de leurs blessures. Ils ont besoin de guérison, de réconciliation. Ils expriment leur quête dans un geste concret, ils sont plongés dans les eaux du Jourdain. Leur corps peut sentir cette eau qui vivifie. Mais Jean leur annonce que tout cela n’est que le début d’un autre commencement encore plus puissant, qui s’en vient, qui est proche.

Au désert, des voix peuvent être entendues, des gestes peuvent être faits, qui touchent notre quête d’un nouvel élan, d’un goût de vivre renouvelé. Ce désert peut prendre aujourd’hui diverses formes : un lieu retiré où il devient possible d’entendre ses voix intérieures et d’écouter celle des autres, une église et son assemblée qui invitent au recueillement et à la conversion, un groupe où l’on partage ses passages, un site internet qui ouvre des horizons et met en contact avec d’autres chercheurs de sens…. Ou une musique, une œuvre d’art, qui nous amènent ailleurs, plus loin en dedans de nous, dans l’attention et l’attente.

Le désert, finalement, n’est pas si loin et inaccessible. Il vaut la peine de se rendre au désert des naissances et des renaissances, des commencements et des recommencements. Ce qui est sûr, par-delà nos réserves et nos questionnements, c’est qu’il s’agit d’y attendre et de rencontrer quelqu’un. Quelqu’un porteur de l’Esprit, d’un Souffle. Cela est merveilleusement dangereux. Comme une Bonne Nouvelle qui commence.

Questions pour la réflexion :

En quel désert pourrions-nous nous rendre pour participer à un commencement?

En quel désert pourrais-je me préparer à accueillir un visiteur qui est porteur d’un Souffle?

Daniel Cadrin, o.p.