Des prophètes annoncent le Messie

Luc 2, 22-40 : Présentation du Seigneur au Temple (Année A)
Oeuvre : Rembrandt, c.1627, Musée Kunsthalle, Hambourg

Au début de ce récit, qui vient après la circoncision et l'appellation de Jésus, Luc nous situe au coeur de la tradition religieuse juive. La Loi est mentionnée et deux rites sont accomplis : la purification de la mère, Marie; et l'offrande du premier-né au Seigneur, relevant plus du père, Joseph. Et où sommes-nous ? Au Temple, à Jérusalem, lieu saint par excellence, où commence et finit l'Évangile de Luc. Puis, autour de l'enfant et de ses parents, deux témoins interviennent : un homme et une femme, tous les deux âgés et pieux mais aussi tous deux prophètes : Syméon et Anne.

Syméon intervient de deux manières : d'abord, il prend l'enfant dans ses bras et bénit Dieu par un cantique révélant l'identité de l'enfant; puis, après avoir béni les parents, il s'adresse à la mère et prononce un oracle. En lien à Syméon, l'Esprit est mentionné à trois reprises : on ne peut mieux souligner qu'un prophète est à l'oeuvre. Anne est directement appelée prophétesse. Elle confirme le témoignage de Syméon : elle célèbre Dieu et parle de l'enfant.

Le tout est chargé de références explicites (Exode, Lévitique) ou indirectes (Isaïe) aux Écritures de la première alliance et s'inscrit dans une attente : la consolation d'Israël (v.25), la délivrance de Jérusalem (v.38).

Cette scène n'est pas banale. Toute la tradition est convoquée : la Loi, les rites, les Écritures, le Temple, des voix prophétiques, une attente. Pourquoi ? Pour une annonce solennelle et majeure, celle de l'accomplissement de la promesse, de la venue du Messie, de l'Oint du Seigneur. Ainsi, plusieurs traits de Jésus nous sont présentés par cette annonce. Il s'enracine dans une culture et une tradition religieuse, celle de la première Alliance. Il est le Messie, le Christ, mais aussi et surtout il est lumière des nations et gloire d'Israël, i.e. le Serviteur dont parlait Isaïe et qui est un Messie universel. À lui sont rattachées des espérances profondes : le salut, la consolation, la libération. De plus, il sera signe de contradiction, accueilli ou refusé. Nous avons ici comme un condensé de l'Évangile.

Et la petite famille dans tout cela ? Les parents, qui ont accompli avec respect les rites religieux, sont étonnés et reçoivent une bénédiction. L'enfant est pris dans les bras d'un vieillard et on parle de lui ! À la mère, une souffrance est annoncée. Puis le trio reprend la route, de la Judée à la Galilée où l'enfant va poursuivre sa croissance. Dans la scène suivante (Lc 2,41-52), les parents et l'enfant se retrouveront à nouveau à Jérusalem, au Temple, pour une nouvelle étape dans la croissance de Jésus, qui quittera l'enfance.

Voici donc un récit vivant, avec son temps et son lieu, ses sources, ses personnages précis, ses actions et ses paroles signifiantes. Mais il n'invite pas à un agir moral ou au développement d'un savoir. L'essentiel est dans la figure messianique qui est annoncée. Cette Présentation invite à l'écoute, à la contemplation et à la louange.

Questions pour la réflexion :

Dans ce visage de Jésus le Messie, quel trait retient davantage mon attention ?

Quelles voix prophétiques, particulièrement celles de gens âgés, puis-je entendre aujourd'hui qui annoncent ce Messie et suscitent l'étonnement ?

Quelle prière cette Présentation fait-elle monter en moi ?

Daniel Cadrin, o.p.