Entre Pâques et Pentecôte
Jean 14, 15-21 : 6e dimanche de Pâques (Année A)
Dans le temps liturgique, qui rythme l’année d’une manière différente du cycle de l’économie ou des saisons, nous sommes actuellement entre Pâques et Pentecôte. L'évangile de ce dimanche nous parle justement de Jésus vivant, manifesté à ses disciples, et de l’Esprit, promis aux disciples. Il s’inscrit dans les débuts du discours d’adieu de Jésus à la Cène, faisant suite à celui de dimanche dernier. Les mêmes thèmes johanniques s’y retrouvent et s’y entrecroisent : voir, connaître, demeurer, lien Père-Fils, amour, … Mais un élément nouveau y est développé : l’Esprit de vérité. Il est présenté comme un défenseur, une sorte d’avocat de la défense, qui est là pour nous soutenir et nous protéger.
Oeuvre : Irénée Lemieux, Résidence Déziel, Lévis (photo : Daniel Cadrin)
On peut lire l’ensemble de l’Évangile selon Jean comme un grand procès entre Jésus et le monde, où plusieurs témoins viennent prendre la parole et appuyer ou condamner Jésus. Le tout culmine avec la Passion de Jésus et sa mise à mort. Mais celui qui semble perdre est finalement victorieux et source de vie. Le condamné est celui qui sauve. Il ne vient pas juger mais donner la vie. Les disciples, à la suite de Jésus, continuent sa passion et sa résurrection. Ils poursuivent cette histoire sacrée, ce drame, à la fois témoins et accusés, optant pour donner vie à leur tour. Cela n’est pas possible sans un appui intérieur, qui est l’Esprit de Jésus vivant. Il aide à ne pas sombrer dans le découragement face aux difficultés et à résister avec vigueur mais sans haine face aux forces de mensonge et de mort.
Cet Esprit nous habite de l’intérieur. Il y a en Jean une perspective sur l’expérience spirituelle qui est profonde et éclairante. Elle permet de se situer dans une approche chrétienne, fidèle à Jésus le Christ. Elle est centrée avant tout sur les relations. Non sur des idées, des actions, des sentiments, ou des tâches. Elle est centrée sur le mystère des personnes, divines et humaines, et sur leurs relations. Entre le Père et le Fils, entre le Fils et nous, entre le Père et nous, entre l’Esprit et le Fils, entre l’Esprit et nous, …
Ce langage, en Jean, peut nous sembler parfois difficile et étrange. Mais il est simplement une autre manière de parler de ce qui se trouve au début et à la fin du texte d’aujourd’hui, et dans tout l’évangile : l’amour. Aimer, ce n’est pas d’abord une belle idée, une bonne action, un sentiment fort, une tâche prenante, même si tout cela contribue à sa croissance. C’est avant tout entrer dans un monde de relations, où l’autre existe, dans des échanges où chacun offre sa présence.
Entre Pâques et Pentecôte, dans ce temps d’incertitude et d’espérance, une invitation nous est faite : nous situer de façon relationnelle face au Dieu vivant, vu comme distant ou proche, et face aux gens, prochains ou lointains. Entrer dans un monde qui n’est pas d’abord celui de problèmes à résoudre, de projets à organiser, d’épanouissement à assurer, ou de comptes à régler. Mais de personnes, de mystère et de présence. Pour y arriver, un Esprit nous est promis, et une vie plus forte que la mort, comme un amour qui demeure.
Questions pour la réflexion:
Face à quelle difficulté ai-je besoin de l'Esprit de vérité, du Défenseur?
Quelles relations me font mieux entrer dans le mystère du Dieu vivant et de son amour?
Daniel Cadrin, o.p.
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