Du permis au pourquoi : le vrai chemin de Dieu
Matthieu 22, 15-21 : 29e dimanche du temps ordinaire (Année A)
Oeuvre : Bernadette Lopez, 2005, www.evangile-et-peinture.org
Nous avons entendu plusieurs paraboles en Matthieu durant les dernières semaines. Aujourd’hui, nous avons une controverse, c’est-à-dire un débat entre Jésus et des leaders sur des questions morales et religieuses. Deux groupes sont présents. Les pharisiens, mouvement de juifs pieux, cherchent à vivre la fidélité à Dieu par des pratiques encadrant la vie quotidienne; ils sont réservés face au pouvoir romain. Les hérodiens sont un groupe plus politique, partisans d’Hérode Antipas, qui règne sur la Galilée; ils sont favorables au pouvoir romain. Ces deux groupes habituellement sont opposés l’un à l’autre. Mais ici, ils joignent leurs forces pour piéger Jésus. Ils ne veulent pas entrer avec lui dans un vrai débat, mais le coincer. Leur première affirmation, par ailleurs, dit la vérité à propos de Jésus, même si ce n’est qu’une astuce rhétorique : Maître, tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu... Voilà une confession de foi paradoxale!
Leur question relève de l’ordre du permis et du défendu. Elle est très précise dans son approche et demande une réponse claire : oui ou non, est-il permis? Si Jésus répond oui, il a l’air d’un collaborateur des Romains, et le peuple n’aimera pas cela. S’il répond non, il se met dans le trouble du côté de l’autorité romaine. Dans les deux cas, les groupes s’empresseront de le dénoncer. Comme il le fait souvent dans les Évangiles, Jésus n’entre pas dans leur logique. Il voit clair, et tout de suite situe les choses en vérité : Hypocrites, vous essayez de me piéger! Il ne leur répond pas par oui ou non, ce qui ferait le jeu de leurs catégories étroites, mais par d’autres questions : Pourquoi? De qui est cette effigie? Il met ainsi une distance entre lui et le piège, et il insère un temps de réflexion qui change l’enjeu.
Puis sa réponse vient, déroutante : elle n’est pas celle que les pharisiens et hérodiens attendaient. Il les appelle à rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Jésus situe les choses autrement, non dans la logique du permis/défendu, mais dans une perspective plus vaste, où Dieu est à l’horizon, où César est à sa place, où tout ne revient pas au même. Jésus déplace les enjeux et ramène à l’essentiel. Et il renvoie les gens à eux-mêmes, à leur choix personnel et à leur responsabilité. Ils ont eux-mêmes reconnu l’effigie de César. Il conclut par un appel qui les concerne : Vous, rendez à…
Les deux groupes d’opposants sont étonnés; ils se sont fait prendre à leur propre piège! Mais ils ont vraiment dit vrai à propos de Jésus au début de leur intervention : Jésus enseigne le vrai chemin de Dieu. Il continue de le faire quand nous lui demandons des réponses claires : oui ou non, qu’est-ce qui est permis et défendu? Il nous répond alors par de nouvelles questions, pour que nous sortions de notre monde étroit, pour que nous allions plus loin. Sa Parole nous déroute et nous renvoie à nous-mêmes, à nos choix de vie. Elle resitue nos recherches dans un horizon plus vaste, où Dieu est présent, où Dieu est premier. Elle nous fait entrer dans une autre logique, celle du Royaume.
Questions pour la réflexion :
De quelle expérience de piège, du même genre, ai-je été témoin? Comment y faire face?
Sur le rapport entre César et Dieu, à quoi Jésus m’éveille-t-il?
Quelle question, quel appel à un choix personnel, cet évangile me fait-il entendre?
Daniel Cadrin, o.p.
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