Le Royaume, un mystère en croissance
Matthieu 13, 24-43 : 16e dimanche du temps ordinaire (Année A)
Comme la semaine dernière et la semaine prochaine, nous sommes dans le chapitre de Matthieu où sont regroupées plusieurs paraboles de Jésus, portant sur le Royaume des Cieux. Elles partent de réalités connues de son auditoire, le monde du travail (les semailles, la moisson, la fabrication du pain) et celui de la nature (le grain, les plantes, les arbres) mais pour ouvrir à un inconnu, pour inviter à voir autrement et à transformer ses attitudes. Toutes ces paraboles parlent d’une réalité mystérieuse et en croissance, le Royaume.
Oeuvre : Marie-Claude Thévenet, La graine de moutarde, 2010
La première, sur l’ivraie, met l’accent sur la période entre la semence et la moisson, c’est-à-dire celle où nous sommes encore aujourd’hui. Autour de nous et en nous, nous y vivons le mélange de bien et de mal, l’incertitude et la confusion, avec un désir que tout soit clair et net. Nous aimerions bien mettre des étiquettes précises sur tous et sur tout: cela est correct, cela est mauvais, tel groupe est tout-à-fait bon, tel autre est complètement mauvais, telle personne est sainte et telle autre est pourrie. Sans compter nous-mêmes dans tout cela, qui oscillons entre notre identité de blé et celle d’ivraie, et qui nous jugeons parfait ou indigne. Quand les humains cèdent à cette tentation de tout classifier, les résultats sont habituellement désastreux. L’histoire de la société et de l’Église en donne d’abondants exemples! Jésus nous appelle à ne pas juger car nous ne sommes pas équipés pour le faire. Nous ne savons pas ce qu’il y a au fond des cœurs de chacun, pas plus en nous-mêmes. Quand nous prononçons des jugements ultimes, nous ne prenons pour Dieu et nous risquons de détruire des promesses de vie. Laissons à Dieu ce qui lui appartient. Nos données sont incomplètes, nos réactions sont ambiguës et notre jugement faillible.
La dernière partie revient sur la parabole de l’ivraie pour en proposer une interprétation allégorique, qui opère un certain déplacement par rapport à celle-ci. Elle est adressée aux disciples, plutôt qu’à la foule, et elle est plus centrée sur la moisson, la grande finale, que sur le temps de l’entre-deux, celui de la patience.
Les deux autres paraboles mettent en lumière le contraste entre le commencement et l’achèvement. Un homme sème une graine de moutarde dans son champ, une femme enfouit du levain dans la pâte. Dans les deux cas, il est question d’une réalité cachée, petite, qu’on ne voit pas, qui passe inaperçue. Et pourtant, vient un temps où un arbre et un pain sont présents, qui offrent leur bonté et nous réjouissent.
Ces deux paraboles sont très inspirantes pour la vie actuelle de l’Église. Devant la diminution des ressources, la perte de visibilité, les fermetures d’églises, nous avons souvent l’impression que nous ne vivons qu’un déclin fatal. Et pourtant, tant de semences de bonnes nouvelles sont en train de croître : projets catéchétiques, groupes de partage de la Parole, catéchuménat d’adultes, recommençants et continuants qui se forment et s’engagent, croyants soucieux de l’environnement, nouveaux mouvements de jeunes, communautés nouvelles qui se développent, …. Jésus nous invite à voir, dans ce qui semble fragile et ne fait pas les manchettes, des signes d’une vie nouvelle, déjà présente, qui annoncent un avenir. Par-delà les morts, des naissances et renaissances sont en train d’advenir.
Questions pour la réflexion :
Face à quelle situation suis-je appelé-e, actuellement, à ne pas juger trop vite?
Je vois ou j'entrevois quels signes de vie nouvelle, dans mon milieu, dans mon Église?
Daniel Cadrin, o.p.
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