Suivre la voie d’un Maître
Matthieu 11, 25-30 : 14e dimanche du temps ordinaire (Année A)
Être chrétien, c'est se mettre à l'école de Jésus. Devenir son disciple, c'est s'engager sur une voie spirituelle particulière, marquée par les traits et les options de ce Maître. Qu'est-ce qui caractérise Jésus et sa voie? Pour le comprendre et le suivre, des dispositions intérieures et personnelles sont impliquées. Les petits le reconnaissent et savent l'accueillir. Les petits, ce sont les disciples qui ont un coeur de pauvre, qui sont doux et miséricordieux, qui ont été travaillés et ouverts par les épreuves de la vie. Ils n'ont pas fermé les yeux et le coeur, ils ne sont pas durcis et enfermés dans leur suffisance, ils sont restés en attente. Jésus se présente lui-même comme doux et humble, invitant à marcher sur une voie qui refuse la dureté et l'orgueil. Les dispositions qui font reconnaître Jésus comme Maître nous disent déjà sur quel chemin il nous appelle à marcher.
Oeuvre : Rembrandt, c.1648-56, Philadelphia Museum of Art
Ce Maître ne veut pas imposer un nouveau fardeau de règles et d'observances pour vivre l'Alliance avec Dieu. Non qu'il n'ait pas d'exigences: il ne rejette pas l'héritage de ses pères mais il appelle à aller beaucoup plus loin. Son fardeau ne se porte pas comme un poids qui contraint et écrase. Il vient nous chercher du dedans, comme personne, dans nos désirs, nos attentes, nos options, pour les convertir et les centrer sur l'essentiel: le rapport à autrui (Mt 7,12) et aux plus faibles (Mt 25, 31-46).
Le secret de ce Maître réside dans son expérience profonde de Dieu, qu'il nomme Abba: un Dieu proche et bienveillant, avec qui il vit une relation unique d'affection, de confiance, d'intimité. Sa force ne relève pas d'une technique garantie ou d'une autorité dominatrice, mais d'une relation à Dieu libérée des peurs et des illusions. Il nous invite à entrer nous-même dans cette intimité pour découvrir Dieu comme notre Abba.
Parce que sa vie est centrée sur cette relation radicale au Dieu vivant, Jésus peut à la fois être compatissant et exigeant. Pas l'un sans l'autre. Sa compassion n'est pas faite de complaisance et de résignation face à nos blocages, nos insignifiances, nos idoles: elle appelle à se lever debout pour marcher avec espérance et courage. Son exigence n'est pas faite de règles strictes où marcher au même pas, avec crainte et rigueur: elle se fonde sur une relation de confiance et d'amitié avec des disciples aimés.
Devenir disciple de Jésus, c'est d'abord reconnaître en lui et accueillir le visage d'un Dieu différent, foncièrement bienveillant. C'est entrer dans ce regard sur autrui et le monde pour en être signes à notre tour. Cette suite de Jésus ne peut se vivre sans conversions et ruptures. Mais nous pouvons nous mettre à son école avec confiance, sans crainte d'être méprisés ou écrasés: nous avons du prix à ses yeux. Et nous pouvons aller à lui en vérité, sans nous accrocher à nos masques et à nos sécurités: il nous rendra plus libres.
Questions pour la réflexion :
Dans la voie spirituelle proposée par Jésus, qu'est-ce qui m'attire et me réjouit?
Qu'est-ce qui suscite ma réserve ou ralentit mon pas?
Pour avancer plus légèrement, qu'est-ce que j'aurais à approfondir ou revisiter?
Daniel Cadrin, o.p.
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