Les oiseaux et les lys : du souci à la recherche
Matthieu 6, 24-34 : 8e dimanche du temps ordinaire (Année A)
Oeuvre : Bernadette Lopez, 2007, www.evangile-et-peinture.org
Aux disciples rassemblés sur la montagne, pour le discours sur la Loi nouvelle, Jésus parle de vie et de nourriture, de corps et de vêtement. On est vraiment rendu dans le concret du quotidien. On peut même se demander quels produits seront proposés pour répondre à nos besoins. Dans notre société, l'acquisition des biens est une préoccupation importante : elle est indicatrice de notre identité et de notre statut et elle est essentielle pour que l'économie fonctionne bien.
Alors, le Maître va-t-il sévèrement nous inviter à renoncer à tous ces biens, pour vivre dans une ascèse stricte ? Ou va-t-il offrir des critères pratiques pour guider nos choix de consommateurs avertis ? Sa perspective est surprenante. Pour la vie et la nourriture, il nous invite à regarder les oiseaux du ciel et, pour le corps et le vêtement, à observer les lys des champs! Serait-il un rêveur distrait ? Ou peut-être nous invite-t-il à regarder autrement notre rapport aux biens de base.
Un refrain parcourt cet évangile : ne vous faires pas de souci (v. 25, 28, 31, 34). Serions-nous conviés à vivre dans une insouciance passive, où tout nous serait fourni par le travail d'autres que nous ? Ce serait étonnant. Le Maître ne propose ni un détachement stoïcien ni une liste d'aubaines. Il appelle plutôt à un déplacement : changez vos priorités, centrez-vous sur l'essentiel. Il y a là une sagesse : votre inquiétude n'ajoutera pas de temps à votre vie; vivre un jour à la fois est source d'un plus grand bonheur.
Mais quel est cet essentiel à chercher ? C'est le Royaume et la justice du Père céleste (v. 33). On revient ainsi au début du sermon sur la montagne (Mt 5,1‑10), offrant des attitudes et des pratiques comme chemin de bonheur : Heureux les pauvres de coeur, les affamés de justice, les artisans de paix, les persécutés pour la justice. Dans la première et la dernière béatitude, justement, il affirme que le Royaume leur appartient. Cela n'est pas possible sans une profonde confiance au Père céleste (6,27.32), sans ainsi changer notre image du Dieu vivant. On trouve d'ailleurs la même approche dans le Notre Père (Mt 6, 9‑13): ce qui vient d'abord, ce sont les demandes touchant le Nom, le Règne et la volonté du Père céleste; et ensuite, celles touchant le pain, le pardon, la lutte contre le mal. Un horizon plus large est posé, dans lequel s'inscrivent nos quêtes de biens.
Cette recherche du Royaume et de la justice est loin d'être une insouciance indifférente, ou une obsession angoissante. Elle libère le coeur, elle place des priorités dans une existence qui permettent de mieux situer nos divers besoins et préoccupations. Et puis, il n'est pas nécessaire que, dès maintenant, nous saisissions tout et complètement de ces paroles de Jésus. À chaque jour suffit sa peine.
Questions pour la réflexion :
En quoi les oiseaux du ciel et les lys des champs peuvent-ils m'inspirer dans mon mode de vie?
Quels déplacements dans mes priorités m'aideraient à chercher le Royaume et la justice du Père céleste?
À chaque jour suffit sa peine : Une piste pour vivre davantage ce proverbe de sagesse.
Daniel Cadrin, o.p.
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