Entre l'ancien et le nouveau
Matthieu 5, 17-37 : 6e dimanche du temps ordinaire (Année A)
Jésus, sur la montagne, se situe par rapport à sa tradition religieuse et morale, la Loi et les Prophètes. Va-t-il s'en distancier pour initier une voie complètement nouvelle? Ou va-t-il s'inscrire comme un continuateur qui demande certaines réformes? Cette question était importante pour les lecteurs de Matthieu, des chrétiens majoritairement d'origine juive. La position de Jésus n'est pas simpliste. Comme un nouveau Moïse, sur la montagne, il présente à ses disciples la Loi nouvelle. Celle-ci est marquée à la fois par la continuité et la rupture, ou plutôt le dépassement, en regard de la loi ancienne. Il ne vient pas abolir mais accomplir.
Oeuvre : James Tissot, c.1886-1894, Brooklyn Museum
Sa position est développée ici en rapport à quatre enjeux, importants dans la loi ancienne: le meurtre, l'adultère, la répudiation, le parjure. Pour chacun d'eux, Jésus se réfère d'abord à la tradition, aux Écritures de la première alliance, à ce que les gens connaissent déjà et cherchent à mettre en pratique: Vous avez appris. ... Puis, il affirme sa propre autorité et il invite à aller plus loin qu'une simple mise en oeuvre ou adaptation: Et moi, je vous dis ... Une chemin nouveau s'ouvre.
La justice des scribes et pharisiens était noble et se voulait fidèle au Dieu de l'Alliance. Pour Jésus, elle ne suffit pas. Face aux questions qui mettent en jeu le sens moral et religieux, Jésus pousse dans trois directions. Il appelle à une intériorisation de la loi, qui engage le coeur de l'intérieur. Il ne suffit pas de ne pas tuer, de ne pas être adultère, pour être une personne correcte et pieuse. Par-delà les pratiques visibles, c'est tout l'être humain, avec ce qui l'habite au plus profond, qui s'engage face à autrui, qui le respecte ou le méprise. La source du mal n'est pas extérieure à soi: c'est en soi que l'arrachement se fait et la libération advient. Il appelle aussi et ainsi à une radicalisation, pour unifier et simplifier l'existence, lui donner plus de cohérence et de droiture. Il ne s'agit pas seulement de ne pas tuer ton frère; réconcilie-toi avec lui. Ne répudie pas, ne fais pas de serment. Sois quelqu'un d'authentique, que ton oui soit oui, fuis l'hypocrisie et les combines. Une troisième direction est celle de l'universalisation: elle sera présente dans l'évangile de dimanche prochain.
La loi est un don de Dieu, offert comme un chemin de bonheur. Le chapitre 5 a commencé avec les Béatitudes. Cette voie exigeante que propose Jésus en Matthieu n'est pas un fardeau qui s'ajoute aux autres. Elle veut plutôt alléger la vie en la centrant sur l'essentiel, en développant un sujet personnel et consistant, qui marche avec respect de soi et des autres, dans la fidélité au Dieu vivant. Voici une loi nouvelle qui invite à assumer notre héritage, à ne pas le rejeter, mais à aller vraiment plus loin, à le dépasser.
En quoi cette position de Jésus interpelle certaine façons d'agir, de penser, de vivre, en moi ou autour de moi?
Entre ce que j'ai appris et ce que Jésus dit, je me situe où?
Dans des éléments plus particuliers de cette loi nouvelle, à quel dépassement suis-je appelé-e?
Daniel Cadrin, o.p.
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