Un regard qui appelle
Matthieu 4, 12-23 : 3e dimanche du temps ordinaire (Année A)
Jésus a été baptisé par Jean Baptiste, qui l’a annoncé comme Celui qui vient et baptisera dans l’Esprit. Maintenant, la mission de Jean le prophète se termine avec son arrestation. Devant cet événement, Jésus est d’abord prudent : il se retire au Nord, dans sa région, en Galilée. Mais finalement, ce n’est pas pour fuir la mission : c’est plutôt pour la commencer. « À partir de ce moment » : quelque chose de très important, de solennel, est inauguré par cette première proclamation de Jésus. Et que dit-il ? Exactement ce que disait Jean Baptiste ! Un appel à la conversion lié à la proximité du Royaume des cieux (cf. Mt 3,2). La mission de Jean Baptiste semble arrêtée. Au contraire, elle est reprise en profondeur et se poursuivra encore plus loin, jusqu’à nous. Matthieu en profite pour faire des liens avec les Écritures, comme il aime si souvent le faire. Voici que la Galilée, région éloignée sans importance, devient un lieu d’ouverture universelle, « Galilée des nations », depuis Isaïe jusqu’à Jésus. Comment finit l’Évangile de Matthieu ? Sur une montagne en Galilée, où Jésus ressuscité envoie ses disciples dans « toutes les nations » (Mt 28, 16-10).
Oeuvre : Harry Anderson, L'appel des pêcheurs, c.1960-1970
La mission de Jésus est commencée. Une chose est claire, dès le début : il ne la vivra pas tout seul. Il va se chercher des collaborateurs. Il appelle ses premiers disciples. Mais, dans une histoire de vocation, aujourd’hui comme hier, tout ne débute pas avec l’appel de Jésus. Jésus voit Simon et André, puis il voit Jacques et Jean. Tout commence par le regard de Jésus. Avant d'appeler, Jésus voit les gens ; son regard est attentif, il a les yeux ouverts. Il reconnaît en eux une quête, des capacités, une présence, ce qu'ils portent, ce qu'ils peuvent être et devenir. Et il voit des gens qui ont des noms, qui ne sont pas anonymes : il vit Simon, André, Jacques, Jean. Et il voit des gens qui ont déjà des liens entre eux. Ce sont deux couples de frères. Mais aussi, ils sont liés par le travail : ce sont tous des pêcheurs. Liens de famille et de travail : solidarités fortes qui ont développé une connaissance mutuelle, un partage de valeurs et d’affection. Encore aujourd’hui, bien des personnes se mettent à la suite de Jésus, avec d’autres, déjà proches. Jésus leur dit : Venez à ma suite, venez marcher avec et derrière moi, c’est-à-dire, devenez mes disciples. La suite de Jésus implique toujours une relation personnelle avec lui. Et avec d’autres, qui le suivent. Toutes nos organisations, nos projets, ne visent qu’à cela : que des personnes deviennent disciples de Jésus, entrent dans une relation intime avec lui, et avec les autres disciples.
Il leur dit aussi : Je vous ferai pêcheurs d'hommes. Il ne s’agit pas seulement de suivre Jésus, passivement, plein d’écoute et de beaux sentiments. Il s’agit de partager sa mission. Il y a du bel ouvrage qui les attend. L'image de la pêche dans les évangiles évoque la mission. Et Jésus appelle ces gens, va les chercher, au beau milieu de leur occupation quotidienne, en plein milieu de leur vie. Le langage qu'il emploie pour les rejoindre, c'est leur langage à eux. Ce sont des pêcheurs: alors Jésus leur parle de pêche! C'est un langage qu'ils comprennent. Qu’aurait-il dit s’ils avaient été bergers, artisans, fermiers, intendants, et autres métiers de l’époque ?
La suite de Jésus demande de la part des disciples de laisser des choses : les filets, la barque, le père. Leur monde du travail et de la famille. Devenir disciple implique des ruptures. Elles peuvent varier selon les personnes et leur histoire. Mais ce qu'on ne laisse pas, quand on marche à la suite de Jésus, c'est soi-même. C'est ce qu'on apporte, notre expérience, nos dons, nos habiletés. Ce sont des pêcheurs. Ils abandonnent la pêche mais pour devenir pêcheurs autrement. Leurs dons de pêcheurs seront maintenant mis au service de l'Évangile.
Questions pour la réflexion :
En plein milieu de mes occupations, quelle est cette voix qui m’appelle ?
Et quel est ce regard qui me reconnaît et m’invite à m’engager ?
Quelles ruptures libératrices pourrais-je oser ?
Quels sont les dons uniques que je peux mettre au service des autres ?
Daniel Cadrin, o.p.
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