Un Messie… crucifié

Marc 8, 27-37
24^e dimanche du Temps ordinaire (B)

(photo : Depositphotos, montage : JR)

Tu es le Christ!

Pierre lance à Jésus cette affirmation avec toute la ferveur dont il est capable. Comme s’il lui disait : je le sais, tu es le Christ! Il n’est pas capable, toutefois, de recevoir la parole de Jésus lui révélant la suite : l’assurance de Pierre cache sa toute-puissance et Jésus ne manquera pas de l’interpeller vivement : tes pensées ne sont pas celles de Dieu… Combien de fois y allons-nous de notre « savoir », de notre « connaissance » ? Pour Pierre, et peut-être pour nous, l’annonce de Jésus est insensée. Sa réaction humaine, à partir de son cœur blessé en entendant ces paroles, le place dans une position de sauveur : impossible que cela arrive à celui qui est le « Christ »! Jésus nous invite à marcher à sa suite. Le chemin véritable sera-t-il celui de mon cœur, ou celui de mes « pensées humaines » ? Choisir de le suivre, de renoncer à sa vie, c’est d’abord aller visiter cette histoire qui est la mienne, avec les chaînes qui m’attachent, m’empêchent d’être libre, me retiennent de laisser transparaître ce Dieu qui habite en moi, et de me mettre à l’écoute de ce que Dieu désire pour moi. J’entends les paroles de ma mère, alors que j’étais enfant, qui répétait : « on doit renoncer à soi-même ». J’y « comprenais » alors un reniement de la personne que j’étais. Comment un Dieu, Père, tout-aimant, peut-il demander à son enfant de « disparaître » ? Je l’entends aujourd’hui tout autrement. Si je suis le reflet de ce Père, s’il a mis en moi un visage qui est le sien, c’est cette Vie que je suis appelée à transmettre : quelle différence! Ce chemin de renoncement permettra ainsi à Dieu de se dire au monde, à travers tous ceux et celles qui consentiront à le rendre vivant, à travers leur propre vie.

Martine Lebeau
Accompagnatrice spirituelle Centre le Pèlerin (Montréal)