Remplir la marge

Marc 1, 40-45 
6^e dimanche du Temps ordinaire (B)

(photo : Depositphotos)

 

Selon la loi de Moïse, les personnes atteintes de la lèpre devaient habiter « à l’écart, hors du camp » (Lévitique 13,46). Dans la lecture de l’évangile d’aujourd’hui, Jésus, saisi de compassion, purifie un lépreux, mais c’est paradoxalement lui qui finit par se retrouver « à l’écart, dans des endroits déserts » (Marc 1,45). Jésus aboutit là où était initialement le lépreux – en retrait, en marge –, alors que l’homme purifié proclame et annonce la bonne nouvelle là où se trouvait auparavant Jésus – en plein cœur de la ville. Nous pourrions nous arrêter là en remarquant que le Christ prend la place de la personne isolée, souffrante et marginalisée et lui redonne sa dignité et sa place au sein de la société. À elle seule, cette observation est une belle catéchèse au sujet de l’Incarnation, au sujet de ce Dieu aimant qui se fait chair pour porter notre misère et nous en délivrer.

Mais le récit ne s’arrête pas là. Il se poursuit en mentionnant que : « De partout cependant, on venait vers lui » (Marc 1,45). La foule, qui a entendu la proclamation et la bonne nouvelle par la bouche du lépreux, vient rejoindre Jésus à l’extérieur de la ville. Le lieu isolé, qu’occupait auparavant le lépreux isolé, finit ainsi par être rempli par une foule nombreuse. Ce récit nous enseigne donc aussi que nous sommes invités, en nous mettant à la suite du Christ, à occuper les endroits qui sont source de souffrance et d’isolement pour nos frères et sœurs en humanité. Nous sommes appelés à remplir les marges pour qu’il n’y ait plus de personnes mises à part, d’exclus et de laissés pour compte.

Francis Daoust, bibliste
Directeur de la Société catholique de la Bible (SOCABI)