Osez ces mots que je ne saurais entendre !

Jérémie 31,31-34; Hébreux 5,7-9; Jean 12, 20-33
5^e dimanche du Carême (B)

(photo : Depositphotos)

La lettre aux Hébreux (2^e lecture) parle deux fois d’obéir ou d’obéissance, une fois pour le Fils et une fois pour nous. Peut-être bien que, spontanément, nous préférerions bannir ces mots, soucieux que nous sommes de préserver notre autonomie et notre liberté. Pourtant, une surprise nous attend lorsque nous considérons le sens du verbe grec « obéir » : « entendre sous », c’est-à-dire « se placer sous la parole » ! L’enjeu devient alors de choisir la bonne parole, celle que nous laisserons nous traverser pour qu’elle devienne notre guide. Cela demande du discernement, puisque de nombreuses paroles toxiques et trompeuses circulent autour de nous et sèment la méfiance voire la haine.

Même si cela n’a pas été facile, Jésus, lui, a irréversiblement choisi d’obéir à son Père, de se mettre sous sa Parole parce qu’il sait que son Père l’aime (voir Jn 10,27). Il surmonte donc son trouble, nous dit aujourd’hui l’évangile de Jean, et il affirme d’un ton résolu qu’il est venu « pour cela », pour cette « heure » de la croix qui est aussi celle de son retour vers le Père (voir Jn 13,1). Obéir à notre tour au Fils, c'est nous laisser entraîner par lui vers cette transfiguration de la vie qu’on appelle « salut éternel » (He) ou « vie éternelle » (Jn). C’est entrer dans cette alliance que Dieu nous offre à répétition : « Je serai leur Dieu, dit le Seigneur, et ils seront mon peuple » (Jérémie). Cette expression – ou  ses équivalents –  revient si fréquemment dans la Bible que les biblistes lui ont donné un nom : « formule d’alliance ». En peu de mots, elle dit à la fois l’engagement de Dieu à nous être fidèle, à nous son peuple, et son désir que nous répondions à son offre en nous plaçant sous sa Parole, en lui laissant inscrire sa Parole de vie sur notre cœur (Jr). Accepterons-nous ?

Anne-Marie Chapleau, bibliste
Formatrice au diocèse de Chicoutimi