Le geste prophétique de Jésus

Jean 2, 13-25
3^e dimanche du Carême (B)

(photo : Depositphotos)

La violence de Jésus est inattendue. Pour le moment, ses disciples ne comprennent pas bien pourquoi il agit ainsi : voyant des marchands et des changeurs installés sur l’esplanade du Temple, il fait un fouet avec des cordes, il chasse du Temple tous les animaux et tout le monde, il renverse les comptoirs, il jette la monnaie des changeurs... il vide le Temple ! Jésus est en colère.

Ses paroles et son agir laissent sous-entendre qu’il est un prophète. Il veut que l’on cesse de faire de la maison de son Père une maison de trafics et de commerce. Jésus ne s’attaque pas aux personnes mais à leur activité. D’un côté, les marchands rendaient service aux fidèles qui arrivaient de loin, et qui devaient trouver tout ce qui était nécessaire pour offrir un sacrifice. Mais d’un autre côté, il y avait des abus de la part de certains marchands.

Essayons de dépasser les limites de l’incident pour aller jusqu’à la profondeur théologique de la scène. Entre Jésus et son Père, il y a une intimité d’amour. Il est chez lui dans le Temple sacré de Yahvé. Pour lui, ce qui est premier ce ne sont pas les gestes rituels mais le cœur filial avec lequel ces gestes sont posés. Jésus ne voit pas le sacrifice rendu à Dieu comme quelque chose d’extérieur à lui-même. Au contraire, il s’offrira lui-même en sacrifice. « Détruisez ce sanctuaire et je le rebâtirai en trois jours ! ». Ses disciples ne comprendront cette parole qu’après la résurrection du Christ. Jésus est le lieu de la présence divine. C’est son corps qui est le nouveau Temple. Le lieu de la Présence de Dieu n’est plus un édifice, c’est quelqu’un ! Et le plus surprenant, c’est qu’il nous invite à suivre son exemple … Ne savez-vous pas que vous êtes aussi le Temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous? (1 Corinthiens 3,16-17)

Francine Vincent, bibliste
Agente de pastorale, Diocèse de Saint-Jean-Longueuil