L’œil de la tempête

1^er janvier 2023
Luc 2, 16-21
Sainte Marie, mère de Dieu (A)

(photo : Depositphotos; montage : JR)

Par leurs nombreuses actions, les bergers donnent à ce récit un rythme effréné : ils se hâtent d’aller à Bethléem, découvrent Marie, Joseph et l’enfant, racontent ce qui leur avait été annoncé, repartent, glorifient et louent Dieu pour ce qu’ils ont entendu et vu. Ils arrivent comme un coup de vent et repartent de la même manière. L’étonnement des témoins de la scène ajoute au caractère désordonné et frénétique du récit.

Au milieu du texte et au milieu de tout ce brouhaha se trouve Marie, qui retient tous ces événements et les médite dans son cœur. Dans le texte grec, l’évangéliste Luc souligne la différence d’attitude de la mère de Jésus par l’article défini è et la conjonction dé :

« Mais Marie, elle, retenait toutes ces choses et les méditait dans son cœur » (2,19).

Son calme se situe à l’opposé de l’énervement des bergers, son silence contraste avec le verbiage des pasteurs et sa réflexion se différencie de l’étonnement des témoins. Marie est comme l’œil, cette zone centrale des cyclones où soufflent des vents calmes et se maintiennent des conditions climatiques clémentes.

Avec le temps des Fêtes qui nous entoure, nous connaissons nous aussi notre part de mouvement, d’effervescence et de brouhaha. Toute cette agitation est bonne ; elle est source de réjouissance et de bonheur, peut-être aussi de surprise et d’étonnement. Mais, à l’exemple de Marie, il serait bon de bien noter tout ce qui se produit, de prendre un moment pour se recentrer sur l’essentiel et de se demander qu’est-ce qui se trouve au cœur de toutes ces festivités. Car, dans l’œil de la tempête se situe un événement exceptionnel, qui dépasse tout entendement, celui d’un Dieu si aimant qu’il s’est fait chair pour marcher parmi nous et nous conduire vers le salut.

Francis Daoust, bibliste
Directeur de la Société catholique de la Bible (SOCABI)