Le temps de la Joie

25 décembre 2022
Isaïe 9, 1-6 ; Luc 2, 1-14
Nativité du Seigneur (A)

(photo et montage : Josée Richard)

Deux temps se croisent dans l’évangile de la Nativité. Le premier situe le monde d’alors dans le giron de la domination romaine, avec ses règles et ses édits. Le second inscrit l’inédit dans le plus banalement ordinaire : un couple sur le point d’accueillir un nouveau-né. Celui qui naîtra bientôt n’ébranlera pas l’Empire ni n’en bouleversera les règles. Il n’y changera rien, mais il changera pourtant tout ! Car il changera le sens même du temps humain en révélant ce qui se joue dans sa profondeur. Les jours succéderont aux jours, chacun vivant ses soucis quotidiens, ses petits et grands drames. Mais Jésus aura, par son incarnation, par sa présence au cœur du monde des humains, manifesté que Dieu s’y trouve aussi, qu’il marche aux côtés des petits et des opprimés, qu’il prend fait et cause pour eux. C’est ce que Jésus dira et fera. Et ce sera pour la joie des humains.

Car c’est bien la joie qu’annonce l’Ange du Seigneur aux bergers, ces petites gens que méprisaient les élites : « Je vous annonce une grande joie qui sera pour tout le peuple : aujourd’hui, pour vous, est né un Sauveur » (traduction littérale du verset 11).

Est-il possible de croire qu’en filigrane de notre temps à nous aussi, la venue du Sauveur dessine la joie? Nous venons de vivre coup sur coup cet automne deux grandes conférences internationales. La première, qui avait lieu en Égypte, portait sur le climat. La seconde, consacrée à la biodiversité, s’est tenue chez nous à Montréal. L’une et l’autre nous ont mis devant les yeux la dégradation avancée du climat et des écosystèmes. Notre temps n’est pas très gai ! Et pourtant, Noël signifie très précisément qu’au cœur de tout ce qui nous inquiète, il y a avec nous un Sauveur qui prodigue joie et allégresse (voir Isaïe 9,2) et transfigure notre temps. Oserons-nous y croire ?

Anne-Marie Chapleau
Bibliste et formatrice au diocèse de Chicoutimi