Partir, sans couper les ponts

21 mai 2023
Actes 1, 1-11
Ascension du Seigneur (A)

(photo © Depositphotos)

Il existe différentes façons de vivre un départ. On peut quitter son voisin de bureau en sachant qu’on va le retrouver le lendemain. Rien de plus banal. On peut aussi laisser quelqu’un en se disant qu’on finira bien par se retrouver tôt ou tard. Ou encore, partir pour de bon, en coupant les ponts. Enfin, on peut s’en aller définitivement, mais en veillant à garder un lien, en assurant une présence d’une manière ou d’une autre.

L’analogie est sans doute imparfaite, mais l’ascension de Jésus entre sans doute dans la dernière catégorie. Il part pour de bon, sans regarder derrière, mais tout en ayant eu soin d’assurer ses disciples de sa présence indéfectible. Une présence différente, mais bien réelle. Et cette présence, c’est par son Esprit qu’il la manifestera quelques temps après, lorsqu’il envahira ses Apôtres le jour de la Pentecôte. C’est alors que la question des « deux hommes en blanc » du récit de l’ascension (première lecture) prendra tout son sens : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? »

Le fait de regarder le ciel n’avait rien de mal en soi ; après tout, c’est là où venait de disparaître le Ressuscité. Le problème, c’est que les disciples restaient là, comme figés dans le passé… Ce sera un premier fruit de l’Esprit que de les mettre en marche, de les tourner vers le monde pour lui annoncer la Bonne Nouvelle. Et en leur envoyant son Esprit, Jésus ne lui a pas apposé de date de péremption ; c’est donc qu’il continue son œuvre parmi nous et en nous.

Mais n’anticipons pas sur la belle fête de dimanche prochain, la Pentecôte ! En attendant, je vous quitte…

Jean Grou
Bibliste et rédacteur en chef de Vie liturgique et Prions en Église