Me voici ! Envoie-moi !
6 février 2022
Isaïe 6, 1-8
5e dimanche du Temps ordinaire (C)
(photo ©Depositphotos)
Le récit de la vocation d’Isaïe est un texte haut en couleur. Il emploie des images grandioses et fabuleuses, qui ne décrivent évidemment pas une réalité palpable, mais qui servent à illustrer à la fois le caractère infiniment transcendant de Dieu et la complète stupeur du prophète. Celui-ci est totalement sidéré par la grandeur du Seigneur et par sa propre petitesse. Il n’est donc pas étonnant qu’il n’hésite pas une fraction de seconde à s’avancer lorsque Dieu demande tout haut qui pourrait être son messager :
« Me voici! Envoie-moi! » (Isaïe 6,8),
répond-il avec enthousiasme, sans même savoir en quoi consistera sa mission.
L’attitude d’Isaïe diffère grandement de celle d’autres grands prophètes bibliques qui tentent de s’esquiver lorsque Dieu les envoie en mission. Jérémie essaye de se dérober en affirmant qu’il ne sait pas parler (Jérémie 1,6) et Élie annonce à Dieu qu’il en a assez et qu’il préfère mourir plutôt que de poursuivre son travail (1 Rois 19,4). Mais le pire dégonflé des prophètes lors de sa vocation est sans contredit Moïse, qui tente de faire valoir cinq arguments différents afin de se désister (Exode 3,1 – 4,17).
Bien que Dieu finisse par s’impatienter – avec raison! – avec Moïse, on remarque qu’il ne fustige jamais aucun de ses prophètes, mais s’assure plutôt de leur donner ce dont ils ont besoin pour être affermis et mener à bien leur mission. Il connaît le potentiel des personnes qu’il appelle et fait en sorte qu’il se réalise. Moïse deviendra d’ailleurs, après ses débuts lamentables, le plus grand des prophètes du peuple d’Israël (Deutéronome 34,10-12).
Il est rassurant pour nous aujourd’hui d’observer l’attitude de Dieu avec ses prophètes. Nous sommes nous aussi appelés à la mission, mais il est possible que nous ne nous sentions pas toujours à la hauteur de la tâche. Nous ne pouvons pas tous être des Isaïe! Mais Dieu ne s’emporte pas à cause de nos hésitations, de nos doutes et de nos incertitudes ; il s’assure plutôt de nous donner ce dont nous avons besoin afin de répondre adéquatement à son appel. Puissions-nous être attentifs aux dons que Dieu nous envoie et qui nous permettent de surmonter nos limites et nos peurs. Et puissions-nous arriver nous aussi à répondre avec enthousiasme et force : « Me voici! Envoie-moi! »
Francis Daoust, bibliste
Directeur de la Société catholique de la Bible (SOCABI)
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