Trouver son ancrage

9 janvier 2022
Isaïe 40,1-5.9-11 et Luc 3,15-16.21-22
Baptême du Seigneur (C)

(photo ©Depositphotos)

À quoi s’accrocher quand les assurances d’hier s’effritent? Où trouver un ancrage solide alors que les crises s’additionnent?

La vie de Jésus s’est terminée dans le grand bouleversement de la passion et de la croix. S’il a pu vivre sa mort dans la confiance et l’abandon (Lc 23,46), c’est qu’il est toujours demeuré solidement établi dans son identité de Fils. L’épisode de son baptême apparaît à ce titre fondateur. Cette voix qui lui dit « tu » et l’appelle « mon Fils bien-aimé » (Lc 3,22), c’est une voix de Père bien-aimant. Sa vie s’épanouira dans la conscience très vive d’être Fils. Il comprendra que c’est un appel à élargir sans cesse son ancrage relationnel à d’autres pour que l’amour circule aussi vers eux.

Nos propres appuis dans la vie peuvent être fragiles. Trop de personnes ont perdu leurs racines ou n’ont pas de famille sur qui s’appuyer. Parfois, ce sont juste les secousses de la vie qui sont trop fortes pour pouvoir garder le cap. Notre soif de tendresse et de consolation devient alors plus vive. Ne pourrait-elle pas s’étancher à l’écoute du Père qui nous dit à nous aussi « Tu es ma fille bien-aimée, tu es mon fils bien-aimé »? La contemplation de Jésus qui se reçoit constamment comme Fils bien-aimé résonne alors comme cette « bonne nouvelle » que, dans le texte d’Isaïe, le messager annonce à des exilés qui en ont bien besoin. Savoir qu’un Père-berger nous « porte sur son cœur » (Is 40,11) tisse à même nos désolations un délicat fil d’espérance et de consolation. Ce fil, si ténu soit-il, est tenace.

Anne-Marie Chapleau
Bibliste, professeure à l’Institut de formation théologique et pastorale de Chicoutimi