Fruits de la terre et du travail

6 juin 2021
Marc 14, 12-16.22-26
Saint-Sacrement (B)

(photo © Depositphotos)

Une célébration comme le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ peut ouvrir la porte à de savantes discussions théologiques à propos de l’Alliance, du rite du sang à l’époque du Temple ou du sacrifice de Jésus sur la croix. Mais elle peut aussi nous rappeler à quel point la religion chrétienne est ancrée dans la réalité humaine la plus concrète. En effet, l’eucharistie, qui est au cœur de la vie de l’Église, recourt à deux signes principaux : le pain et le vin. Il s’agit de deux réalités qui, tout en provenant de la nature, exigent d’être transformées, comme le rappelle la bénédiction sur les offrandes du rituel de la messe qui décrit l’un et l’autre comme « fruit de la terre et du travail » des humains.

Sans pain et sans vin, il ne peut y avoir d’eucharistie, tout comme sans nourriture et sans eau, la vie n’est pas possible. Vivre chrétiennement, ce n’est pas chercher à fuir le monde ou à s’élever au-dessus de lui. La religion chrétienne est de chair et de sang. « Ceci est mon corps […] Ceci est mon sang » dit Jésus dans la lecture évangélique.

Il est intéressant de noter un certain contraste entre les deux éléments pour symboliser ce corps et ce sang : le pain et le vin. Le pain est un aliment de base, associé à la vie de tous les jours dans de nombreuses cultures. Le vin, pour sa part, évoque la fête, les réjouissances, les occasions spéciales, la détente. Contrairement à l’eau, il nous entraine au-delà du strict besoin d’assurer notre survie. Même si, malheureusement, il est rare que tous les fidèles communient au vin à la messe, sa présence au sein du rituel eucharistique nous invite à garder le cœur à la fête, malgré toutes les difficultés et les épreuves qui peuvent assombrir nos jours.

Jean Grou
Bibliste et rédacteur en chef de Vie liturgique et Prions en Église