Une maison de prière pour tous les peuples 

Isaïe 56, 1.6-72
20^e dimanche du Temps ordinaire
16 août 2020

(photo © Jaka Škrlep sur Unsplash)

Les textes de la Parole de ce dimanche sont dominés par le thème de l’universalité du salut. L’apôtre Paul affirme que Dieu a « enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde » (Romains 11,32). Dans l’évangile, c’est à une femme païenne que Jésus fait miséricorde en louant la grandeur de sa foi, alors qu’il a conscience d’être venu d’abord pour « les brebis perdues de la maison d’Israël » (Matthieu 15,21-28). Et le texte d’Isaïe démontre que cette ouverture aux autres nations a ses fondements dans le judaïsme.

En fait, deux traditions s’opposent dans l’Ancien Testament. Plusieurs textes soutiennent une relation exclusive entre Israël et son Dieu. Par exemple, Deutéronome 23,4 interdit l’admission des étrangers à l’assemblée, alors que Néhémie 13,1-3.23ss interdit des mariages mixtes de juifs ou de juives avec des païens. Mais cet exclusivisme va commencer à s’effriter avec l’expérience de l’exil babylonien.

Le texte d’Isaïe 56 est un bel exemple de ce revirement : le salut est offert aux étrangers « qui se sont attachés au service du Seigneur » (v. 6). Le texte parle de droit et de justice mais il ne faut pas comprendre ces termes au sens légal. Le droit et la justice évoquent la capacité de savoir se situer face à Dieu, comme une simple créature face à son Créateur. C’est le fait de reconnaître que Dieu est l’Unique et que lui seul peut nous sauver. Cette attitude d’attachement, de fidélité à Dieu et d’adoration est désormais la condition pour faire partie de son peuple et non plus seulement l’appartenance ethnique. Voilà pourquoi tous, juifs et étrangers, sont appelés à entrer dans cette alliance, tous ceux qui désirent être comblés de joie dans la maison de Dieu, qui est « une maison de prière pour tous les peuples ».

Alain Machia
Prêtre au diocèse de Québec et doctorant en études bibliques à l’Université Laval.