Apparition au bord de la mer

5 mai 2019
3^e dimanche de Pâques(C)
Jean 21, 1-19

(photo ©Depositphotos)

Dans ce récit, la manifestation du Ressuscité aux disciples n’est pas présentée dans un souci de réalisme narratif, mais d’évocation symbolique. La perspective est orientée vers une signification à la fois christologique et ecclésiale. La mission apostolique symbolisée par la pêche est une métaphore du travail apostolique que Jésus confiera aux siens : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes. » (Mt 4,19 ; Mc 1,17) Ce symbolisme des évangiles synoptiques demeure sous-jacent au récit de Jean. L’échec nocturne (v. 3) laisse le champ libre à l’intervention miraculeuse, mais le sens visé transparaît : les ouvriers apostoliques ne peuvent rien obtenir s’ils ne sont pas unis à Jésus. Cette manifestation du Seigneur apporte une révélation nouvelle par rapport aux précédentes : c’est de lui que dépend le succès de leur travail (v. 6) et à lui qu’en est amené le fruit, symbolisé par le filet qui ne se déchire pas (vv. 10-11).

Le repas (vv. 12-13) atteste d’abord la pleine réconciliation entre le Seigneur et les disciples qui l’avaient laissé seul (16,32) et il rétablit la communion que la mort avait brisée. En raison de sa tonalité eucharistique, le repas partagé signifie que le Christ est présent à la communauté ecclésiale. La triple question de Jésus : « Simon, m’aimes-tu? » (vv. 15-17), qui correspond certainement aux trois demandes de la jeune fille et des serviteurs à Pierre lors du reniement (18,17.25-26), implique que le pardon plénier, exempt de tout reproche, suscite chez le disciple un amour proportionné à la miséricorde reçue. Le lecteur d’aujourd’hui, à l’instar de celui d’autrefois, est appelé à rouvrir sans cesse le quatrième Évangile pour y découvrir en profondeur le Fils et lui donner sa confiance. 

Béatrice Bérubé
Bibliste diplômée de l’Université du Québec à Montréal