Quelles malheureuses tranquillité et sécurité !

29 septembre 2019
26^e dimanche du Temps ordinaire (C)
Amos 6,1a.4-7

(photo©Depositphotos). L'inspiration du choix de visuel vient de cet article, à lire : Médecins sans frontières lance une campagne contre "l'épidémie d'indifférence"

« Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles […] et à ceux qui se croient en sécurité. » (Am 6,1)

La première lecture de ce dimanche est tirée du livre d’Amos qui n’était pas prophète ni fils de prophète, mais un simple berger de Téqoa, une bourgade proche de Bethléem, en Judée. Derrière son troupeau, il a été saisi par le Seigneur qui l’a déplacé et envoyé prophétiser au milieu de son peuple. Amos interpelle ses concitoyens à renouer avec le Dieu de l’Exode qui fait sortir de l’esclavage pour entrer dans l’alliance de justice et de paix. En effet, le peuple s’est encroûté dans une nouvelle forme d’esclavage : celle de la tranquillité et de la sécurité à outrance, au point d’être devenu inerte face aux cris des pauvres.

La critique socio-religieuse d’Amos demeure actuelle. Ses interpellations reçoivent une résonnance concrète en particulier pour des personnes qui viennent d’un milieu favorisé et qui ont choisi de vivre dans un milieu défavorisé, auprès de gens éprouvés dans leur chair. Ces personnes se reconnaissent bien souvent remuées dans leurs entrailles par la souffrance qui en réalité n’a pas de frontière. Une cause spécifique les mobilise désormais. Lors d’une immersion de deux mois dans un quartier marqué par la pauvreté et la violence, j’écrivais ces quelques mots dans mon journal de bord : C’est tout un chemin de VIE de partager de l’intérieur la pauvreté et la souffrance de gens au quotidien, avec la part de risque – il y a déjà eu plusieurs meurtres dans le quartier – et en même temps avec la force de la solidarité que Jésus le premier a vécue.

Marie de Lovinfosse, cnd
Professeure d’exégèse biblique à l’Institut de formation théologique de Montréal