Jamais deux sans trois!

9 septembre 2018
Marc 7, 31-37
23^e dimanche du Temps ordinaire

( photo ©Depositphotos)

Jésus se promène en territoire non-juif. On lui amène un homme chez qui la circulation de la parole est entravée. C’est dire que même les paroles les plus essentielles lui échappent!  Jésus commence par l’emmener loin des foules pour s’occuper de lui. Il s’intéresse à lui personnellement, comme à chacun et chacune d’entre nous, sans chercher à se mettre lui-même en valeur. Puis il le touche précisément là où il y a obstruction. Ses gestes reprennent peut-être ceux des guérisseurs de son époque. Ils manifestent avant tout la proximité qu’il établit par ce corps à corps. L’homme reçoit sur sa langue quelque chose de la bouche qui proclame le Règne de Dieu!

Mais, et c’est important, ils ne sont pas seulement deux dans cette rencontre. Jésus lève les yeux vers le ciel. Autrement dit, il se tourne vers son Père. Quoi qu’il fasse, Jésus ne quitte jamais sa position de Fils depuis que la voix de son Père, au jour de son baptême, l’a appelé « mon Fils bien-aimé » (Mc 1,11).  Il dit ensuite un seul mot dans sa langue maternelle : « effata, ouvre-toi ». Oui, ouvre-toi tout entier à la parole, à celle de Dieu, à celle des humains! Retrouve ta capacité à créer des liens par la parole! Et aussitôt, ses oreilles s’ouvrent et sa langue est libérée!

Mais pourquoi cet ordre de ne pas en parler? Parce que les témoins risquent fort de mal interpréter de qui est arrivé et d’en parler d’une manière inappropriée. Et la preuve c’est que, passant outre à l’ordre de Jésus, ils se mettent à lui attribuer le pouvoir de faire des choses extraordinaires. Pourtant, jamais Jésus n’a dit quelque chose comme « je te guéris » ; il lui suffit d’être celui par qui Dieu guérit. Et nous, avons-nous conscience de ce qui leur a échappé : la présence constante du Père à son Fils et le désir de celui-ci de nous conduire au Père?

Anne-Marie Chapleau
Bibliste et professeure à l’Institut de formation théologique et pastorale de Chicoutimi