Se laisser surprendre par le jugement dernier

26 novembre 2017
Matthieu 25,31-46
Christ Roi (Année A)

Visuel © Depositphotos, montage: Josée Richard)

Le jugement en Matthieu La scène du jugement dernier sépare le monde en deux groupes. Ceux qui ont donné à boire, à manger, qui ont visité prisonniers et malades, qui ont accueilli un étranger ou vêtu une personne nue reçoivent le royaume alors que ceux qui ne l’ont pas fait sont envoyés au châtiment éternel.

L’évangile de ce jour peut nous choquer tant l’idée d’un « châtiment éternel » nous semble incompatible avec ce qu’on nous raconte du pardon de Jésus. Il me semble qu’on peut sortir de ce choc initial si on suit jusqu’au bout la partie de cache-cache qui se déroule dans le texte.

Jésus y lève soudain le masque. Celui qui avait faim, celui qui avait soif, c’était lui : « c’est à moi que vous l’avez fait ».

Mais le jeu de cache-cache fonctionne aussi dans l’autre sens. Jésus « sur son trône de gloire » enjoint ceux qu’il a placés à sa droite à « hériter du Royaume » : ces derniers se confondent avec lui en tant que roi.

Ces identifications expliquent que le texte rebondisse de surprise en surprise. Jésus est roi et pourtant il règne avec certains hommes et femmes. L’honneur donné à ces derniers n’est dû qu’en apparence à des actions modestes : elles sont extraordinaires si on accepte que l’affamé ou le prisonnier est en fait Jésus lui-même.

Dernière surprise ; ceux qui ont accompli de telles actions sont les premiers étonnés : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? » Ils ont agi sans avoir conscience que c’était Jésus lui-même qu’ils aidaient.

Ainsi, le « châtiment éternel » existe dès maintenant, dans notre indifférence, tout comme le royaume existe déjà dans nos actes généreux, que nous accomplissons sans jamais être sûrs de bien agir. C’est dans cette incertitude que Jésus règne déjà.

Antoine Paris
Doctorant, Université de Montréal/ Université Paris-Sorbonne