« Nés pour aimer Note 1»?
Matthieu 5, 38-48 : 7e Dimanche du temps ordinaire (Année A)
« Œil pour œil, dent pour dent », raisonnement jugé nul par Dieu! Quoi donner quand est épuisée la réserve de dents et d’yeux à rendre? Une autre sagesse s’imposerait-elle? Demandons-nous d’où monte l’amour des publicains pour qui les aime et le ‘bonjour’ des païens pour leurs frères? Quel trésor d’humanité partagent publicains, païens, disciples de Jésus pour qu’en tout temps et lieu, se trouvent « des fous tellement fous que rien ne pourra jamais leur enlever des yeux la jolie fièvre de l’amour … C’est grâce à eux que l’aube chaque fois se lève, se lève… »Note2 Bien avant Jésus, Moïse demandait, au nom de Dieu, d’être saints comme Dieu, d’aimer son prochain comme soi-même. Jésus ne peut demander davantage; il propose seulement la mesure concrète de l’amour : aimer comme il nous a aimés! Et tout serait différent!
Un des nôtres, Jésus, « bien-aimé » de Dieu, accomplit sous nos yeux ce que signifie « aimer ». Obéissant, sans jamais dévier, au seul « bon sens » de l’Amour, Jésus ne riposte guère à la méchanceté, ne retient pas sa tunique d’appartenance divine, se laisse même dénuder de son manteau d’humanité. Il fait milliers de pas avec les siens sans se détourner de quiconque emprunte de sa bonté! Il réprimande les « allergiques à l’amour » désireux, qu’écoutant leur cœur, ils s’ajustent au meilleur d’eux-mêmes pour vivre et faire vivre!
Saint Paul, super-pharisien chamboulé par la rencontre-surprise de Jésus, affirme : « nous avons été élus en Lui, dès avant la création du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour »; « imitez Dieu comme des enfants bien-aimés, suivez la voie de l’amour, à l’exemple de Jésus-Christ qui vous a aimés et s’est livré pour vous » (Ep 1,4; 5,1). « Nés pour aimer »Note1 : serait-ce notre ultime vocation commune?
Nous venons de voir, d’entendre l’amour danser spontanément en public. Avec déclarations, confessions, promesses, réprimandes, rêves affichés! La mort, de nouveau, a ouvert des brèches à l’humain! Plus de pécheurs, païens, ennemis! Seulement des êtres humains un peu ‘ivres’ qui se laissent aller à pleurer, à marcher ensemble. Des larmes en liberté ont laissé deviner des cœurs d’enfant! Ensemble sur les photos : fils, filles du même Dieu, tous blottis sous Sa neige, Sa lune, Son soleil! Une note de « presque parfait! »
Trop beau pour être vrai? Non! Assez beau pour reconnaître que l’originelle semence d’un juste vivre-ensemble donne ses fruits et pour croire mordicus qu’elle en donnera encore, encore! La mort injuste de quelques-uns a tisonné un feu inextinguible! Mort de l’unique Fils qui se continue; même victoire de l’Amour! Dans l’unique Corps de Dieu en gestation!
Après tragédie et Saint-Valentin, au-delà clochers, étoiles, minarets, indifférence, incroyance, que s’insinue partout cette grave question : « Crois-tu qu’on s’aime encore? »Note3! Suffirait-il d’aimer, d’aimer malgré tout, pour entendre, au terme, le Dieu unique, fier des personnes créées à son image, appeler chacune par son nom, l’embrasser et lui donner la note-surprise : « Parfait »!
Rita Gagné, ursuline
Notes
1. Richard Desjardins, Extrait de la chanson : La maison est ouverte
2. Christian Bobin, Tout le monde est occupé, Édition Gallimard, p. 17
3. Louis-Jean Cormier, Extrait de la chanson : La seule question
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