La persévérance dans la vie chrétienne des nouveaux baptisés

(photo © Mike Wilson via Wikimedia Commons)

Il y a quelques années, j’ai accompagné un jeune adulte, qu’on appellera Steve^note 1, dans son cheminement vers la foi chrétienne. Venant d’une famille de militants athées et anticléricaux, il s’était converti à la suite d’une expérience mystique aussi soudaine qu’inattendue. Ses parents avaient accepté, à contrecœur, d’être présents à son baptême. Une fois baptisé, il était tout feu tout flamme : il cheminait dans un groupe de jeunes adultes à sa paroisse et n’hésitait pas à y faire régulièrement du bénévolat…
Les circonstances ont fait en sorte que, quelque temps après que Steve eut été baptisé, j’ai déménagé, et j’ai malencontreusement perdu ses coordonnées. Récemment, les ayant retrouvées, j’ai appelé Steve afin de prendre de ses nouvelles. Et j’ai appris qu’il avait cessé tout engagement sur le plan de sa foi : après avoir lui-même changé de paroisse après un déménagement, il n’allait plus à la messe, ne priait plus, etc. Cependant, il m’assurait qu’il avait encore la foi, seule relique ou ultime trace de son cheminement passé en Église…

Le cas de Steve, qui est loin d’être rare, démontre que la persévérance dans la vie chrétienne, une fois les sacrements reçus, demeurera toujours un défi pour un adulte nouvellement baptisé. L’Église semble être bien au fait de cette réalité, et c’est pourquoi le Rituel de l’initiation chrétienne des adultes (RICA) prévoit qu’après la réception des sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie à la Veillée pascale s’ouvre le grand temps de la mystagogie et du néophytat.  

La mystagogie est la période qui s’étend de la Veillée pascale, moment où les catéchumènes reçoivent leurs sacrements, jusqu'à la Pentecôte. Cette période constitue un temps privilégié pour approfondir, dans un cadre catéchétique, la question des sacrements. L’Église part du principe que, maintenant qu’ils ont reçu les trois sacrements de l’initiation chrétienne, les néophytes (nouveaux baptisés adultes) sont plus disposés, ayant reçu la grâce de l’Esprit Saint qui illumine leur foi, à saisir de l’intérieur quelque chose des « mystères » que sont les sacrements. La mystagogie constitue donc réellement un temps d’enseignement et d’approfondissement de ces « mystères sacrés »…

Quant au néophytat, il désigne l’année qui suit la réception du baptême. Outre le temps de la mystagogie où l’on approfondit avec nos nouveaux baptisés les « saints mystères », le reste de l’année « néophytale » doit être vu comme un temps où ils sont amenés à développer leur vie chrétienne dans sa globalité. À ce titre, on peut proposer à nos néophytes différentes avenues, selon leurs goûts et charismes propres : s’engager en paroisse, joindre un groupe biblique, proclamer les lectures à la messe, s’impliquer dans une œuvre caritative, s’insérer dans un groupe de prière, participer à une école d’oraison, etc.

Une chose à déconseiller est de considérer la réception des sacrements de l’initiation chrétienne à la Veillée pascale comme la fin du cheminement des adultes que nous accompagnons. Même s’il s’agit d’une étape cruciale, l’expérience démontre, en conformité avec la démarche proposée dans le RICA, que nos néophytes sont des nouvelles pousses, qui ont besoin d’être accompagnées, orientées et soutenues pendant encore au moins une bonne année. Ne les laissons donc pas tomber trop vite!

Lamphone Phonevilay
Adjoint à la directrice de l'Office de l'éducation à la foi pour le catéchuménat
Diocèse de Montréal

Note

1. Il s’agit d’un prénom fictif afin de préserver l’anonymat de cette personne.