Groupe ado virtuel, liens réels !

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À la paroisse Saint Jean Baptiste à Montréal, j’accompagne un groupe d’ados. Ensemble nous vivons des projets, nous nous posons des questions et cherchons comment, dans ce vécu commun, Dieu est en relation avec nous.  Habituellement, nous nous réunissons deux vendredis par mois.  Depuis la crise, je leur ai proposé de continuer à se retrouver chaque vendredi en rencontre virtuelle.  Ils se le disent, ils sont heureux de se voir même derrière un écran.

Nous avons gardé à peu de chose près, le même déroulement. Au début de la rencontre, nous jouons ensemble : jouer, ça crée des liens, ça permet de se révéler, de mobiliser ses talents. L’écran n’est pas un obstacle, ils ont beaucoup d’idées : jeu de mime, de devinette, de dessin, de création d’histoire, jeux de rôles, etc. Notre histoire commune continue.

Ensuite, ils se branchent sur leur Radio CJMS (Radio Comment Je Me Sens est une idée du mouvement  Ziléos^note) :

Je me sens triste de ne plus voir mes amis. J’ai pas de frère ou de sœur. 

Moi j’aime ça être à la maison, j’aime avoir mon propre programme. 

Je me sens mieux qu’au début, je réussis à m’occuper. Je communique aves mes amis.

Moi j’ai peur. Pourquoi les gens ne restent pas chez eux ? Pourtant on ne te demande pas la lune. Pourquoi ils ne prennent pas cela au sérieux ? On dirait que cela ne les concerne pas. 

Le monde redeviendra-t-il comme avant ? Ou quelque chose aura-t-il changé ?

Avant de poursuivre le dialogue,  je rappelle que Dieu est présent, que Dieu est à l’œuvre en chacun.e. Nous expérimentons la présence du Souffle de l’Esprit en prenant quelques minutes de méditation par le souffle.
Nous continuons la rencontre en nous mettant ensemble à la recherche de réponses aux questions sur notre réalité. Ensemble, avec Dieu. La parole circule. Ce confinement, c’est tout un passage pour eux, une épreuve pour certain.e.s.  Ils se reconnaissent dans les mots de l’autre...ou non. Tous ne le vivent pas de la même façon. Certain.e.s ont besoin d’en parler. D’autres préfèrent écouter :

Quand on n’a pas de contacts physiques, même pas un regard, t’as pas l’impression que la personne t’écoute.

Y’a des gens qui sont seuls en temps normal, sans contact physique.

En tout cas, si chacun fait attention à son cercle proche, tous les cercles proches mis ensemble, ça fait la société au complet.

L’échange continue la semaine suivante. Un.e « gardie.ne de la mémoire », ou secrétaire, nous rappelle l’histoire vécue la rencontre précédente. Dans cette histoire véritable et factuelle, les jeunes se reconnaissent, s’y retrouvent réellement. C’est la « chair » de notre catéchèse avec des ados. À partir de symboles bibliques, ils sont alors invité.e.s à créer une phrase, un court récit, une image pour raconter leur histoire. Certain.e.s préfèrent utiliser d’autres symboles :

Je me sens seule comme un poisson dans la mer. Mon père part au travail et si je n’avais pas la technologie, je me sentirais bien seule.

J’ai l’impression d’être comme un veilleur qui attend mais ne sait pas trop ce qu’il attend.

Je me sens comme un hamster dans sa cage. Je tourne en rond et ne trouve pas la sortie.

Leurs images en tête, Ils se mettent alors à l’écoute d’un récit biblique proche, choisi par eux ou avec mon aide. Que disent ces récits à propos de la joie de se retrouver malgré l’isolement, de la solitude, du souci de l’autre, de la relation, du souffle, de la fin d’un monde ou d’un passage à vivre ? Comment nous aident-ils, nous réconfortent-ils ou nous font-ils réfléchir, bouger à l’intérieur ?

La rencontre se clôture avec la prière. Une prière composée de leurs réponses, leurs joies, leurs prises de conscience, les questions qui restent, les rêves à venir. Vendredi prochain, nous reprendrons le projet initié avant la crise : réaliser un reportage avec un bénévole de Dr Clown. Notre histoire commune continue. Une histoire où Dieu se révèle sans cesse.

Claude Dayez,
chargée de projets à l’OCQ et animatrice à la paroisse Saint Jean Baptiste à Montréal
(Merci à Anne-Marie, ma collaboratrice)