Crise familiale

30 décembre 2018
La Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph (C)
Luc 2,41-52

(photo ©Depositphotos)

Jésus arrive à l’âge de la maturité religieuse chez les Juifs. Le voilà qui prononce ses toutes premières paroles dans l’Évangile de Luc : « Comment se fait-il…? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Il répond ici à ses parents pour qui il était en quelque sorte un adolescent en fugue. Ses réponses sont formulées sous le mode de la question. Elles invitent ainsi Marie et Joseph à réfléchir et à vivre un déplacement. Pour Jésus, c’est déjà clair : toute sa vie sera accordée à la volonté de son Père du ciel. Ses derniers mots, sur la croix, confirmeront la confiance absolue qu’il aura placée en lui : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23,46).

Ses parents se retrouvent donc devant un passage à vivre : laisser la liberté à leur enfant de vivre sa propre vocation, accepter que son horizon s’élargisse au-delà du cocon familial, reconnaître son appartenance à la famille plus large des enfants du Père. Tous les parents du monde sont également placés devant un passage semblable à faire : laisser un jour aller les enfants. De plus, nous avons tous, d’une part, à assumer l’autonomie nécessaire à la réalisation de notre vocation. Cela demande parfois le courage de rompre certaines attaches. Nous avons également, d’autre part, à reconnaître pleinement cette liberté aux autres qui nous entourent. Eux aussi, elles aussi, tout comme nous, sont d’abord des fils et des filles qui doivent « être chez leur Père », à leur juste place pour construire le Royaume.

Anne-Marie Chapleau, bibliste
Professeure à l’Institut de formation théologique et pastorale de Chicoutimi