Un carême d’humanisation
18 mars 2018
Jean 12, 20-33
5e dimanche du Carême (Année B)
(Photo © Depositphotos)
L’évangile en résumé : Quelques Grecs veulent voir Jésus. Pour parler du passage à la vie éternelle, Jésus dit que pour qu’un grain porte du fruit, il doit mourir. Voyant venir la fin de sa vie, Jésus est bouleversé. Sa mort est alors présentée comme une élévation qui montre la gloire de Dieu.
Le christianisme est une religion d’incarnation qui intègre toutes les dimensions humaines, même les plus ambiguës comme les rapports de force litigieux, et bien sûr également la solidarité, la compassion, l’empathie et l’amour. Cet enracinement dans la vie humaine est à la base de cet extrait de l’évangile. Jésus y ressent une saine angoisse devant une mort imminente résultant de ses choix personnels en harmonie avec ses principes éthiques, socioreligieux et relationnels.
Cela s’observe avec la mention de Grecs voulant voir Jésus. Le passage renverse les normes en insistant sur l’ouverture à la pluralité humaine du christianisme naissant face à l’uniformité de l’Empire romain. Toute personne, quels que soient son statut social, sa culture ou son origine religieuse, peut accueillir le message de vie de Jésus de Nazareth.
Cependant, l’ultime retournement se retrouve dans le paradoxe de l’humiliante glorification sur la croix. La gloire dont il est question ne correspond aucunement au désir mondain de célébrité, mais bien à la révélation de l’amour de la divinité. Or, dans ce passage la défaite et l’échec sont en fait une victoire. C’est au moment où la puissance politique et religieuse atteint son sommet que cette invincibilité se fragilisevoir note.
L’échec humiliant du crucifiement dévoile les angles morts et les zones d’exclusion d’une société. La crucifixion ouvre des chemins inédits, souvent expérimentés dans les marges, de reconnaissance de la dignité de toutes et de tous. Le temps du Carême n’apparaît-il pas comme un moment opportun pour découvrir dans des « déserts » sociaux et écologiques des routes d’humanisation?
Patrice Perreault
Granby
C’est ce que souligne le philosophe Jean Bédard : « L’Empire romain colonisait. Il était donc lui-même envahi par des milliers d’étrangers qu’il assujettissait par l’esclavage. Mais en lien avec les esclaves, un anticorps se développait, la notion même d’affranchissement. Au début, ce n’était qu’une idée minuscule persécutée et confinée dans les catacombes de l’Empire. Puis cette idée s’est répandue et a pris tout son ampleur pour devenir la culture chrétienne. Cette culture a évidemment déviée de sa trajectoire pour épouser les valeurs de l’Empire romain, mais pour un temps, un anticorps s’est répandu. Cet anticorps de l’Empire existe encore aujourd’hui dans la vie de quelques individus et dans quelques groupes petits et discrets. » Jean Bédard, Le pouvoir ou la vie. Repenser les enjeux de notre temps, Montréal, Fides, 2008, p.109.
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