Les dix commandements et les tavernes québécoises

4 mars 2018
Exode 20,1-17
3^e dimanche du Carême (Année B)

(Photo © Alain Chagnon, collection permanente, Musée national des beaux arts du Québec)

Jusque dans les années 80, les tavernes québécoises étaient interdites aux dames. La lecture du dernier verset des dix commandements me rappelle cet univers exclusivement masculin de notre récent passé. En effet, il explicite que ce texte a été composé à partir d’un point de vue exclusivement masculin : « Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. » (Ex 20,17)

De plus, la femme arrive dans la liste après la maison et avant les serviteurs, le bœuf, l’âne et les autres possessions. Tant pis pour l’égalité des sexes! La société de l’époque était patriarcale et même machiste, si on la compare à la nôtre. En ce temps-là, la femme faisait partie des possessions du mari. Elle n’avait que très peu de droits, dans cette société qui n’était pas différente des autres du Proche-Orient ancien.   

La place des femmes dans la société a beaucoup changé, depuis l’époque de la rédaction de ce récit. Le temps des tavernes masculines est révolu. Lire la Bible comme une Parole de Dieu pour nous, c’est entrer en dialogue avec ce texte : critiquer le modèle patriarcal duquel il surgit, mais aussi se laisser bouleverser par le message qu’il transmet. Par exemple, le commentaire de Joan Chittister, bénédictine et féministe à propos de ce verset me semble particulièrement pertinent : « Ce n’est pas ce que nous n’avons pas qui nous rend malheureux, c’est ce que nous voulons qui nous rend inattentifs à ce que nous avons_{voir note}. »

Sébastien Doane
Bibliste, OCQ